Nées après la Première Guerre mondiale, les « relations internationales » se constituent dans un rapport ambivalent vis-à-vis du droit international : pour les fondateurs de cette discipline nouvelle, notamment autour de l’Institute of International Relations, à Londres, il s’agit d’abord de seconder, sur le plan de l’analyse empirique des relations politiques, l’entreprise, portée par la Société des Nations, de juridicisation globale de la scène politique mondiale. La guerre civile mondiale, Carl Schmitt, Ere. Schmitt pense donc bien un véritable « droit international » – quoiqu’il ne soit pas supranational – contrairement à ce que dit Franz Neumann, qui voit dans la théorie des grands espaces une simple négation de tout droit international[11] (Neumann 1942 : 158). Dans son oscillation entre décisionnisme et pensée selon l’ordre concret, la théorie schmittienne tend à entrer dans un cercle logique : d’un côté, l’ordre concret est censé fournir des bornes au caractère arbitraire de la décision, qui ne peut être légitime, donc faire autorité et fournir une base légale, que si elle est l’expression de cet ordre concret ; mais, de l’autre côté, c’est la décision qui donne sa dimension proprement politique à l’ordre concret, donc c’est elle qui en fixe les bornes. La juridicité ne pouvant échapper au critère de son effectivité, la « juridicité » à proprement parler n’est ni dans le fait, ni dans la norme pure, mais dans un certain état d’adéquation de la norme au fait, qui permet à celle-là d’avoir prise sur celui-ci. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . Schmitt apparaît situé historiquement : alors même que toute sa théorie est bâtie comme avertissement contre les guerres d’extermination à venir, il ne voit pas que le génocide a déjà eu lieu. 11 0 obj Combien de génocides sont-ils acceptables pour faire parvenir le nomos de la terre à son nouveau point d’équilibre ? Cest quelle renvoie à une guerre dont les dimensions dhostilité sont multiples, de par la diversité des acteurs et de leurs mobiles. Carl Schmitt : Le Nomos de la Terre (1950) Introduction Né en 1888 et mort en 1985, C.Schmitt a eu une existence très mouvementée. Certains croient vivre la fin du monde. 13 0 obj On interroge ici la théorie des « grands espaces » de Carl Schmitt. L’instance supranationale ne peut pas constituer la neutralité requise pour éviter de devenir l’instrument de la puissance de certains acteurs sur les autres. How is this theory of the international balance of power a properly “legal” theory? Ce double niveau, à la fois empirique et normatif, lui permet de n’être jamais ni l’un ni l’autre. Situer Schmitt à la charnière de ce processus, comme s’il avait été « tout simplement du mauvais côté de l’évolution historique du droit[2] », c’est manquer, peut-être, une partie de ce que Schmitt voulait dire en refusant de dissocier le juridique et le politique. <>/Border[0 0 0]/Rect[498 693 578 733]/Subtype/Link/Type/Annot>> Au contraire, elle conduit, si elle est bien comprise et bien utilisée, à l’intérieur du noyau des choses et de la connaissance de la situation réelle de l’ensemble. Tel est le « péril du politique » : le droit doit s’exposer au péril du politique s’il veut le réguler, mais il risque tout autant de s’y perdre, s’il ne fait qu’accorder une « prime de légalité » aux inégalités de fait. C’est à cette condition que pourra émerger une juridicité véritable qui ne criminalise pas l’adversaire. Gb"/,a`?FO'%FD4D95H'iJ[.colp2WeY'b0_F;D+[1LQ@MMZfRVM.E%PUc9n#^@m&-QF#d(NscPop>6"f/*&Vb.N=k!;ij#_G>#r;B>e,m])f!P:sHrq"1A63KRcQ9Zp7YiF-B63KRcB&M=6+:SE&X&V8eApqEW5dMG#PqCPotl7j8A'N\>T3$CgAE?+:&p.MuMpXlM5P-Xqj;7KFP_Sb-=/s&0"(UVrL424&cN.3Xj50C`-*9.!_;=?Ei]1uI'fhEcK3Hu4fe45]Im@PJR%pHb/!.Oq>Tip!7+Ip<0W*XhK=X@t\DWG\EjS?>N,c)oeST3&L+D0P"<6Jhrr2hOkPO,?O/>4;\>J#G/r5+)b!]Y!c=,l;u)J<=]@NO[+g5TP,bM>jAe\$scDCRq7L:sMe$#F!ueQc(U*C(1m@4SA6>!JXObCQpsT$Pst+:.Ei(0,17%sL-/U:Q7EXF0ZSS89![tt%ms6n!`2,f+BTR/VCOR;Sa(HWVJ[IVPJ7>4t6.B;\Meaq\5f+cB2=7gRbiLCf+RQPNAXYoMLHrN,s^_JIedVC_GaFSBNnGkC/A3Prc\o4fp5SbFIi_h6=A=7%NDA@'K/Wl;o(/fY-7729JBU:S'&lG\32TB'V-)P]=9S>'3,C/^#$Vl2p679!?Z?&00[p9e!XS_2J>;VJSs9(>$eVMq5VZmART\"`#PtWt?T5,-@TKO&jF*^*PQs@$H^LTAk/9[\TDl]6FO61F=1Q![/Ajj$a7?(?JX7jc(bYRBUqR2p68iI3RN1pZd.8ar,Y!+dcee1\AR;_EGEZ0oaI&^%CJMnsW%A._plE&^g?8=a5DsQ.E%U1"L8#*!aD'Z--ML)lGp6>AF>)hWN[pgGV-1d>r[_=?SYjlVrStZS"Z)C9]psd'.2c955CU]-n>1N5J#IG#jP0Gb[W9P!d[DC%1G+$eu729M1asM?BDbQb3[j:F]Vp`POAET#!R$MQS3CQr7^k.8Z4P4Rn4IR:OV5OH4+K@a/%6p>3/Uo.M@XRa6R"oCtAslRs+.'.:-CZGer>`#fU@V$]9NPL`>D&k,;hE$7*@3*mOYK_Ybc6J3&mX$g4BTRVgC?#ha:RXD]V7iu9+AZ6q$HPOc;AS=l6q&J-p`9hPF.]XELMPn(?n-A0m&fY6\]d[-J2%@3-UhY,)aMWuUA!']luW[I;BdGV\..B7BjU[Isp3N&QQh(aRDd*OdaWKg(U]"^j7'aUQ$pc=6Tp6NmlqlB6I4@]_G1k1oXA-hk%Q"Oue.,h"n['!;+"l]fK=$Y14RBl.-m\Kra0"F?BXE_Vl5WW>#b%.6Hf[0n-gCS$btYAGf1kI#B.&kr+5kh+k2]Vjn:$bp/fO[\%Y[Up.=@Cq9kGoUd)-IEbl),PO(\!1H`B/PZ_aTeA%HAO[@1#'5!PTQU6Z(?R6P5\+&2+MJ'QG(+=O6'Pb;He@^9iJ4b%jX"q)$KF?%MB+[`2/7EE0>[kcDaV3ZXbl),POD>u3lBeG-4[,sdc];op*2XM"+mc2ZR!qhr_gbU>*A(rfEhbDrLHi8[r?B(@8#\.01GU;6@*V_76+FjhbHghpK?E[VSQ8\bU_K$0Vq%U)G+V?BMLjWfguCo[)2b-5?l;Q<3B#a'C:L;]SegL=HYFUT_*_f'=N;l9q?0m]lbu._Z6(puT3u4dLCOrfdn=S97-DY7;rtm1Zj%gFEA1KA,!f'%GSq5@;`8'\>iEarPB'C2'F(RGU4ac%>W+*@MFjl^%@g\b;p[L4Rrk#!K>ftdUEb57@!Y29KO]i>U&Q.?l/h#ZPVVYJqU5JV8odHs-FUO;`13<4_EU[hQD?tA`cWQugR50Bk-fNU^&uQ&GlY:9mWjA:j<3X:F7%L&9n6u+,E18?UKZTVZ`OBu24&X1dff%r*SDW4>r%gW=@(X:H[3;R&"3Ak>B3$=1p$6mZa0%NlmjfI6?S!3T!=3fRKTZdiKO^juh7o8r6r']mrVmoYC_Tm6N<6etq?&>GDKBMkr_$Vjp-X?[Xs.hZ5$*845]^$5Kim&1hQ/D/_EO;UgG,ghY@^:NO9m8kSS=jtikdam$8UUaCIRiqdQX!ej"\6P6N;:l2-XicCC-EG&qZ3f8eIB$%g):USSaFFsV$>dsNoc(d-)G2^KPq0]9U]rd-uKEUmF!9X"B4oc:#&q)n>!u>'3PT*a1Gn\I_r8"9NNECK+8WqC@X&%=ESFT?H`*UoU(OAT1`Q46-M&48'/FR?'e3gT5%P/GFDmYM?^cr>t+B_nIb::W]Tf(F6M$U*VK5Bk+t)i!Iq4o;;J4")=,>^DSP+WU,j0X\r+4a5hoE^')mB,,Cab:U=sU9HP91t6j$M:m4mE`(V9#8jbZ#Zo/Rcp>NYpG,?EDS/U+J>cencp7fMs:7($Y[\g7@._#"59jo\3%]>2>@2*EeS?aST14Oa7BD&aZhi,=mlZk"`gpBU-uB.)Q,(-h)O#@0n3nR=o5G7D\p_(LJ1PB7U3`reAHqMlceJm,s6mq+Skd?;_552$hqJaH76h\16S.gT(L,\j]Js4@! Ce n’est pas sans poser quelques problèmes. Dans cet essai innovant, Catherine Hass livre une riche analyse de ce que recouvre le terme de guerre aujourd’hui, souvent convoqué dans le contexte de violence actuel. Il y a dans un tel système de droit international autant de droit international véritable qu’il y a de véritable neutralité. À cette condition seulement, selon lui, on peut comprendre comment le droit peut prendre effet sur la politique. En 1950, la même analyse vise à mettre en accusation la « forme moderne de direction » des États-Unis. À ce point charnière, le droit passe de la pensée pure à un phénomène terrestre. Les faits seuls ne sont pas juridiques ; mais les normes seules ne le sont pas non plus si elles se réduisent à un édifice abstrait dont les conditions de mise en application ne sont pas garanties par une instance concrète. Ce n’est qu’en reprenant conscience de soi comme politique que la politique mondiale peut retrouver une mesure, qui y rende possible le règne du droit. La théorie schmittienne des grands espaces n’est pas, comme on le croit parfois, une théorie d’un équilibre entre puissances équivalentes. <> Schmitt en décrit le mécanisme dans les termes suivants : L’ancien droit interétatique trouvait sa garantie, non dans quelque pensée d’une justice au contenu déterminé, ou dans un principe de répartition objective, ni dans une conscience juridique internationale, qui a montré qu’elle n’était pas mobilisable pendant la guerre mondiale et à Versailles, mais […] dans un équilibre des États. Celle-ci repose sur l’ambiguïté même du concept de nomos. « Notre travail tend bien plutôt à rendre visible le noyau de cette doctrine pertinent pour le doit international et, par là, à la rendre féconde pour d’autres espaces vitaux [Schmitt emploie ici le mot de Lebensraüme] et d’autre situations historiques » (Ibid.). endobj Un pouvoir supranational est d’autant plus redoutable qu’il se donne sous l’aspect d’un pouvoir judiciaire neutre à valeur universelle. Schmitt se veut à contretemps en pleine conscience. Qu’est-ce qu’un ennemi ? 6 0 obj Le Reich-grand espace n’est pas – dit Schmitt – le produit d’une conquête militaire subordonnant un ensemble d’États selon des catégories qui resteraient les catégories du droit international public classique. Gb"/lH$C#l)TFiT!OI=3L-m4+MP(r0b7,MNX+1a`!P)I-Ls%(m%kB.QhBFEt!f@3glJdA>,V!1k&EQm="MCKX.,YO8PO8,%q5W_^qIMG(jELWb``)#7Mn(pmECapNC+Q7]C!h+!SrejY'/Qf-NeZ"@=6RAB:d$Vo-_D"MqcfFM5r/$W:kAgRO>A^J`:L=P2D0!tcfR(u)a-#rs\'g+H`0rDs_Q+KF^JG-rB2157N47?Kb^UR_jc@TqX`r3'@[Wd:b\%?3lT$t3uA8QaKA@<2NIa`aYJIQcM*:%iX&N]bRd0EU><9V7uobM^_jD7)405ZVB9f:Kq2e`)rWQ&&ZlfhW@cMY36"$+[MnZKa-_)i7EXES.ua#s.#G&q]YlNg"XEUkOQT+Jj2$'4g8kDi`Ya1r7h"F"C$en5$"J@D)V0J`\tc!NLo1n0N"8H!JBB$DN-hOD*QtO24pkYJrJ4j/>[m^`M1dV_7Le]8B&,@RoNiBP-&h@UC1J\Hla?t,iCsr3?YLdEnKVdb#;b\S"657(,^-om8/UAjC2c6ila?iSk:J"R]b3mRj$[?qO0Z4qaN(g740ZPe0ZNrX0G:M)bJnd;KY2b815X>V'"`ViZg3p8Z"SD7Bt^Zk'$&WB7W&?O9?"Eq>@&Rc@(gP##V9^$lB[5\A!FIP:WWUV\lnC8gJQeT0^^"I/M>I,Z5;]P;lhskb>8\gS@.]$>>H.Tg)8M5EHZ\C/?E%W`o?UseKsjnd`^9,eL%!1RrWEolF)T?gZ9Zm21@7tgbg-9nJ=njiC`YhN-UB&G-&8rR!6bD>_^RDd0V?e,,qb6B1`;2tD^+$Y&EgmKUdq_ntT@>;6qE.YF)Ue(((;p634hoLQ",Of6d;_L8UBm]GO9^1T(.oPBTiN"_>M:>2Wm0*V"`WquUZ_M-SqieG*;T0N3ol*%'EpS1VM&]]bA1ZVOkV9CH5?Ru\?[7R>^QLFn"tqbsEtMp[/=[,NX*qZ2qRR6:nO/(%V_UrCOGe[8OZQ%jnY%-fFOrHohj5dI8N3V[FkTdPj?M@gc:'YkFIc<9*J)m)tjT4?_/&XD)%9Ma#`[[%+p6RFV0ubh)=3\qY`\CA@q/0TA*M,^B]NiDmpP-e)e;sT,:U)U2Yb1#%2rf`QBWTo@u;.^[+rO.hIHdN4VX"qgZ5#Ho5Y/tBTqQN._%G>0iii5Zkh^4`qfle'9O-L<8fRW11QCnG;)3hZ?VbRpJt78N/8q+)!&dRN(NqhnV)`S[UgL'&k\B`ZJ9b@!me@3g2V26YTs+J-Y$EPq),mJdROCUWDH[YqOOs]l3GAgTlK6@bniPQ?7=sEDp^I;+&IKj?AVYN;qj_aa1k"[Z`(&!Z\l"I-RU:r.?)MrP9.@5KTrFK:h3#G,fUYKK)-)p304n.5K7bQ'.'*bg9&hpGd%Y5.4gMLbfB=E71%[%)Ir;EksfL.fE1rmDaaKnMjaWd*9/)RA`uBWgL3D(eWMc/#<>._/&hnJf1M&V^Fgc-jYXtu`9%=78TtIRM/a?W?s"m_1#bdGU/i7@!H#aqEuJOiCrNc'cT!1>m_'1?@SDQk[dneL1^80JBoFuY/#JT/D1KLu2)k!,XVcOR@Hr63YCIPOSiMf#:2InVFH?HI*(bKV?BBl;$!n$^t($9`kO<62Z;>'B=%FC^o9(5kkl+BoLq:-PiMK;TBW4"S1j1M%RK\5/oMs:a]@tdhiT]-PgfdV?)WQjDJQk0i!;F7.7-l#&A/r,B*P0PhKgi^_i[T(aqI#ieMXT'6L3g^`&`_BYu*UWa;E6!+Q_R_TYc6o:WE/"J#9&$Ys]"@if`$6.uum(aJqS8\N>VK^"nPg8I*+Z[Wt%q#\k>\es#V1rc/]'+8QXB`MWW\Tl.77_&KHViARjWKmlNo;`D'_.ejrd"qo4]l9JR)(9PCiBAEW2JO*$^J;_96G7Y*NH#2F@R8^r)%bh:Ob#9A0cCu%Bu:.lYh^MS'^F)!V;6,"1%#hq.#@CtU(DeEn7fe/__@40$,?!/8>e0p7+"NCHGUE8\6Yp&o;MV`e@!qmYQC^Wiq*DV=lI@(0n(/h@+b86"MCAu\Pa>hl7@Q4AmhI&X+f;U]C30G4nKI6j!?,$DKQ+8R1Aj=XIj4A$W2S"gg9(_n6ggFhXgr25A=KUk"Je#@_"$er7PP9It-`d5/cf9sC6`7]VtD_g`Qg]GaJYhq&6;&1laR?q$f5j7:C^6%REaln0:U6qm7a`=BiN,_8QCKM)loZ$EF)hJ?1XeCk_0hHfi3i`[aSuC!Cb9M/SU*N4_.Bd;N#j)ubPM:-$0?Ue8Hok6EToZ0L4FDAk;lTIU*JLkhLNnt*B]Qa[1;^?YK+TGq!`Sma[ql91]&6f8*cH0Kq)::8phrJ2QDccRR_\A5::O.gD'Kjh^WectVa]na\Ca5+]/(eh3IIC&Wu!,!0\[0[``bV92oe[=2MdiLCZnf*c1WQ@P)W6lW/3F+!c@\1n^o%sMLu,L6$m6K&cNM/:[TnS,T6CT_["jic@mB'TQ&$?Y97&8\c1^rJ:gFm&A]q;S;n73-;1L.RrN@C#53o'+A5i-mAs7(#h]r&=pcW[7uO(^K-'$Rp*fk;joReY45@%lOQSl`YlXq"ja]fVVY40Bt\t$hD3)=1H.o-YqRZ?[hLW]J[#u]?;dQhZN!i*>5/k266U6ukaf^NfZ#"F`QkYc+M:7/\E1L,k1?E@XQa\>_f/1*hm)F$$@K(1&4eE.[.nWL'0H6Zt;g,_]07XG5HA)o4CR#i#@_@JZ\r%E2gS-.D@/]t<0E26KG!dk(?12+W[8ttUG>C(kpnSL>(VH$W`A_;eeU7p(mVpDOUa*ugOtN9%AT6%u/FMge4lrglsJVm'u._J!=LK9D981&amQ_NKY936=uL7]+&:-I3bUkeabO$)=$OG!<3g:.?n:/qD+inh;QBq-P[R_TA6YmSGE_(@?++Ki+6a4:? !f)n%R5*]ATlelgY/CbPD#2kS5JHHtd*B-[6ImGS\0eoOF;[AC(%?csK?kO(F>S91s1`=\_&pkFYsd?YZ+-DW99dk-ge:_;EY`Xno@n`GTS@AVG#4jUmnR6!2/C"pt%emo78>#qE7GQ4:qX87(3B9B!/X&/C:cB9qg(L:RgC/9-iMHf7bmq5j]LSX3A9\KFn!Of#`0D=6u[`F=ie_r;h@J0nCsdE.9Q+/qthtr[Wl=&PILiB@uj6dl9-tAo;j`Inl5RerqhCZ$$RM:EZfm&VCK\[`JOt%HUgYEq;inM/Tq%tqNXcKU5m)c&6;e*IcRa,:!5qm7PZZqGW=mqUbBi&&PLI'BH6TP1dgENuHd1+kfl13n[1Mn)'.QNqOnulV3685VeW"c%f([cFeZg,I-.ls5)O&)oq*BTB4>GHa:"$M+'W@A*jDn1;>-BEZ:Nf"ebr3S/[n2Jq=\J endstream Pour Schmitt, cette tâche revenait par nature au Président, comme un monarque républicain « au-dessus des partis ». 9 0 obj Les États sont, ou doivent être, rassemblés dans des ensembles plus grands, les Reiche-grands espaces. <> Sa théorie n’est-elle pas simplement politique, comme on a pu dire que la doctrine Monroe était un principe politique et non juridique ? endstream 4 0 obj Cette « direction » d’un État par un autre passe par des traités internationaux d’intervention, dans lesquels le statut territorial n’est pas modifié : « L’espace apparent, évidé, de la souveraineté territoriale reste intact, mais la teneur réelle de cette souveraineté est altérée. On ne reconnaît cependant guère Schmitt dans cette argumentation de type positiviste. Ce que l’on appelle la « politisation du droit » chez Schmitt (qui s’opposerait à une « juridicisation de la politique » chez Kelsen par exemple) ne se fait qu’au nom d’une autre conception du droit, et non dans la récusation du droit. « Les Reiche, dit Schmitt, sont en ce sens les puissances qui guident et portent, et dont l’idée politique rayonne dans un grand espace déterminé » (Schmitt 1939 : 49). <>/Border[0 0 0]/Rect[498 693 578 733]/Subtype/Link/Type/Annot>> Il y a une profonde unité de la pensée schmittienne, qui tient justement au refus de la dissociation entre droit et politique. La critique schmittienne de la Société des Nations repose sur l’idée que toute tentative de réguler par le haut provoque une dérégulation du système. Pour Schmitt, la constitutionnalisation de l’ordre juridique international marque le « tournant vers le concept de guerre discriminatoire » (Schmitt 1938). Par commodité on emploiera le terme de « grand espace », mais, au vu de ce qui précède, le terme correct pour désigner le lien entre les deux serait celui de « Reich-grand espace ». Téléchargement Actuellement indisponible. <>/Border[0 0 0]/Rect[36 528.5 151.464 538.5]/Subtype/Link/Type/Annot>> Gb"/lH$C#l)TFiT!OI=3L-m4+MP(r0b7,MNX+1a`!P)I-Ls%(m%kB.QhBFEt!f@3glJdA>,V!1k&EQm="MCKX.,YO8PO8,%q5W_^qIMG(jELWb``)#7Mn(pmECapNC+Q7]C!h+!SrejY'/Qf-NeZ"@=6RAB:d$Vo-_D"MqcfFM5r/$W:kAgRO>A^J`:L=P2D0!tcfR(u)a-#rs\'g+H`0rDs_Q+KF^JG-rB2157N47?Kb^UR_jc@TqX`r3'@[Wd:b\%?3lT$t3uA8QaKA@<2NIa`aYJIQcM*:%iX&N]bRd0EU><9V7uobM^_jD7)405ZVB9f:Kq2e`)rWQ&&ZlfhW@cMY36"$+[MnZKa-_)i7EXES.ua#s.#G&q]YlNg"XEUkOQT+Jj2$'4g8kDi`Ya1r7h"F"C$en5$"J@D)V0J`\tc!NLo1n0N"8H!JBB$DN-hOD*QtO24pkYJrJ4j/>[m^`M1dV_7Le]8B&,@RoNiBP-&h@UC1J\Hla?t,iCsr3?YLdEnKVdb#;b\S"657(,^-om8/UAjC2c6ila?iSk:J"R]b3mRj$[?qO0Z4qaN(g740ZPe0ZNrX0G:M)bJnd;KY2b815X>V'"`ViZg3p8Z"SD7Bt^Zk'$&WB7W&?O9?"Eq>@&Rc@(gP##V9^$lB[5\A!FIP:WWUV\lnC8gJQeT0^^"I/M>I,Z5;]P;lhskb>8\gS@.]$>>H.Tg)8M5EHZ\C/?E%W`o?UseKsjnd`^9,eL%!1RrWEolF)T?gZ9Zm21@7tgbg-9nJ=njiC`YhN-UB&G-&8rR!6bD>_^RDd0V?e,,qb6B1`;2tD^+$Y&EgmKUdq_ntT@>;6qE.YF)Ue(((;p634hoLQ",Of6d;_L8UBm]GO9^1T(.oPBTiN"_>M:>2Wm0*V"`WquUZ_M-SqieG*;T0N3ol*%'EpS1VM&]]bA1ZVOkV9CH5?Ru\?[7R>^QLFn"tqbsEtMp[/=[,NX*qZ2qRR6:nO/(%V_UrCOGe[8OZQ%jnY%-fFOrHohj5dI8N3V[FkTdPj?M@gc:'YkFIc<9*J)m)tjT4?_/&XD)%9Ma#`[[%+p6RFV0ubh)=3\qY`\CA@q/0TA*M,^B]NiDmpP-e)e;sT,:U)U2Yb1#%2rf`QBWTo@u;.^[+rO.hIHdN4VX"qgZ5#Ho5Y/tBTqQN._%G>0iii5Zkh^4`qfle'9O-L<8fRW11QCnG;)3hZ?VbRpJt78N/8q+)!&dRN(NqhnV)`S[UgL'&k\B`ZJ9b@!me@3g2V26YTs+J-Y$EPq),mJdROCUWDH[YqOOs]l3GAgTlK6@bniPQ?7=sEDp^I;+&IKj?AVYN;qj_aa1k"[Z`(&!Z\l"I-RU:r.?)MrP9.@5KTrFK:h3#G,fUYKK)-)p304n.5K7bQ'.'*bg9&hpGd%Y5.4gMLbfB=E71%[%)Ir;EksfL.fE1rmDaaKnMjaWd*9/)RA`uBWgL3D(eWMc/#<>._/&hnJf1M&V^Fgc-jYXtu`9%=78TtIRM/a?W?s"m_1#bdGU/i7@!H#aqEuJOiCrNc'cT!1>m_'1?@SDQk[dneL1^80JBoFuY/#JT/D1KLu2)k!,XVcOR@Hr63YCIPOSiMf#:2InVFH?HI*(bKV?BBl;$!n$^t($9`kO<62Z;>'B=%FC^o9(5kkl+BoLq:-PiMK;TBW4"S1j1M%RK\5/oMs:a]@tdhiT]-PgfdV?)WQjDJQk0i!;F7.7-l#&A/r,B*P0PhKgi^_i[T(aqI#ieMXT'6L3g^`&`_BYu*UWa;E6!+Q_R_TYc6o:WE/"J#9&$Ys]"@if`$6.uum(aJqS8\N>VK^"nPg8I*+Z[Wt%q#\k>\es#V1rc/]'+8QXB`MWW\Tl.77_&KHViARjWKmlNo;`D'_.ejrd"qo4]l9JR)(9PCiBAEW2JO*$^J;_96G7Y*NH#2F@R8^r)%bh:Ob#9A0cCu%Bu:.lYh^MS'^F)!V;6,"1%#hq.#@CtU(DeEn7fe/__@40$,?!/8>e0p7+"NCHGUE8\6Yp&o;MV`e@!qmYQC^Wiq*DV=lI@(0n(/h@+b86"MCAu\Pa>hl7@Q4AmhI&X+f;U]C30G4nKI6j!?,$DKQ+8R1Aj=XIj4A$W2S"gg9(_n6ggFhXgr25A=KUk"Je#@_"$er7PP9It-`d5/cf9sC6`7]VtD_g`Qg]GaJYhq&6;&1laR?q$f5j7:C^6%REaln0:U6qm7a`=BiN,_8QCKM)loZ$EF)hJ?1XeCk_0hHfi3i`[aSuC!Cb9M/SU*N4_.Bd;N#j)ubPM:-$0?Ue8Hok6EToZ0L4FDAk;lTIU*JLkhLNnt*B]Qa[1;^?YK+TGq!`Sma[ql91]&6f8*cH0Kq)::8phrJ2QDccRR_\A5::O.gD'Kjh^WectVa]na\Ca5+]/(eh3IIC&Wu!,!0\[0[``bV92oe[=2MdiLCZnf*c1WQ@P)W6lW/3F+!c@\1n^o%sMLu,L6$m6K&cNM/:[TnS,T6CT_["jic@mB'TQ&$?Y97&8\c1^rJ:gFm&A]q;S;n73-;1L.RrN@C#53o'+A5i-mAs7(#h]r&=pcW[7uO(^K-'$Rp*fk;joReY45@%lOQSl`YlXq"ja]fVVY40Bt\t$hD3)=1H.o-YqRZ?[hLW]J[#u]?;dQhZN!i*>5/k266U6ukaf^NfZ#"F`QkYc+M:7/\E1L,k1?E@XQa\>_f/1*hm)F$$@K(1&4eE.[.nWL'0H6Zt;g,_]07XG5HA)o4CR#i#@_@JZ\r%E2gS-.D@/]t<0E26KG!dk(?12+W[8ttUG>C(kpnSL>(VH$W`A_;eeU7p(mVpDOUa*ugOtN9%AT6%u/FMge4lrglsJVm'u._J!=LK9D981&amQ_NKY936=uL7]+&:-I3bUkeabO$)=$OG!<3g:.?n:/qD+inh;QBq-P[R_TA6YmSGE_(@?++Ki+6a4:? Il y a là un paradoxe qui ne peut pas être simplement réduit à l’écart qui existe entre la doctrine de Schmitt et la pratique effective du IIIe Reich. Il s’agit moins d’en lever l’ambivalence que de reconnaître les termes de cette ambivalence. Par Dans Le Nomos de la Terre, le penseur politique ... Virno utilise "katechon" pour désigner ce qui empêche à la fois la guerre de tous contre tous (Bellum omnium contra omnes) et le totalitarisme, par exemple la société d'Orwell Big Brother. 15 0 obj ?Th'-/\Dh+Z0QJ4dIda"nPsG)FX1VU)Sj"^7J\i>I'%RoJ"or4b(Gcruju:#I+%j"AL~> On peut remarquer aussi l’absence d’une quelconque mention de Schmitt dans l’histoire des doctrines du droit international de A. Truyol y Serra (2007). Il n’y a plus désormais de territoires extérieurs qui pourraient servir d’exutoire à la violence. Le problème que nous voulons aborder ici se noue alors : si la politique dicte sa loi au droit, si la theoria ne préserve pas son autonomie par rapport à la praxis – au nom du fait que cette autonomie est à tout jamais une illusion –, alors ce qui a d’abord été présenté comme condition de possibilité d’une régulation de la politique par le droit risque de se renverser en une subordination du droit à la politique. BibTeX, JabRef, Mendeley, Zotero, Carl Schmitt et la circonscription de la guerre, Le problème de la mesure dans la doctrine des « grands espaces », Carl Schmitt et les relations internationales, Carl Schmitt et la circonscription de la guerre : le …, I – Carl Schmitt et la science des relations internationales. ���g�~��_�^���S3�66�ݩ����н^�M�, /7EE0>[kcDaV3ZXbl),POD>u3lBeG-4[,sdc];op*2XM"+mc2ZR!qhr_gbU>*A(rfEhbDrLHi8[r?B(@8#\.01GU;6@*V_76+FjhbHghpK?E[VSQ8\bU_K$0Vq%U)G+V?BMLjWfguCo[)2b-5?l;Q<3B#a'C:L;]SegL=HYFUT_*_f'=N;l9q?0m]lbu._Z6(puT3u4dLCOrfdn=S97-DY7;rtm1Zj%gFEA1KA,!f'%GSq5@;`8'\>iEarPB'C2'F(RGU4ac%>W+*@MFjl^%@g\b;p[L4Rrk#!K>ftdUEb57@!Y29KO]i>U&Q.?l/h#ZPVVYJqU5JV8odHs-FUO;`13<4_EU[hQD?tA`cWQugR50Bk-fNU^&uQ&GlY:9mWjA:j<3X:F7%L&9n6u+,E18?UKZTVZ`OBu24&X1dff%r*SDW4>r%gW=@(X:H[3;R&"3Ak>B3$=1p$6mZa0%NlmjfI6?S!3T!=3fRKTZdiKO^juh7o8r6r']mrVmoYC_Tm6N<6etq?&>GDKBMkr_$Vjp-X?[Xs.hZ5$*845]^$5Kim&1hQ/D/_EO;UgG,ghY@^:NO9m8kSS=jtikdam$8UUaCIRiqdQX!ej"\6P6N;:l2-XicCC-EG&qZ3f8eIB$%g):USSaFFsV$>dsNoc(d-)G2^KPq0]9U]rd-uKEUmF!9X"B4oc:#&q)n>!u>'3PT*a1Gn\I_r8"9NNECK+8WqC@X&%=ESFT?H`*UoU(OAT1`Q46-M&48'/FR?'e3gT5%P/GFDmYM?^cr>t+B_nIb::W]Tf(F6M$U*VK5Bk+t)i!Iq4o;;J4")=,>^DSP+WU,j0X\r+4a5hoE^')mB,,Cab:U=sU9HP91t6j$M:m4mE`(V9#8jbZ#Zo/Rcp>NYpG,?EDS/U+J>cencp7fMs:7($Y[\g7@._#"59jo\3%]>2>@2*EeS?aST14Oa7BD&aZhi,=mlZk"`gpBU-uB.)Q,(-h)O#@0n3nR=o5G7D\p_(LJ1PB7U3`reAHqMlceJm,s6mq+Skd?;_552$hqJaH76h\16S.gT(L,\j]Js4@! Mais cette guerre civile, épisode de la politique intérieure, paraîtrait rétrospectivement le retour à la politique étrangère au cas où la victoire des rebelles entraînerait la désagrégation de l’État universel. ���g�~��_�^���S3�66�ݩ����н^�M�. « Je suis un théoricien, un pur homme de science, et rien qu’un érudit. Même s’il récuse par ailleurs le caractère abstrait de la notion de « crime contre l’humanité », tout son système est clairement basé sur l’idée qu’il faut que les guerres soient menées d’égal à égal, en préservant les civils, en limitant les victimes en général. Qui donc est le gardien du droit international dans l’ordre des grands espaces ? <>/Border[0 0 0]/Rect[36 429.5 107.64 439.5]/Subtype/Link/Type/Annot>> Schmitt est contemporain du moment où droit international et relations internationales se dissocient du point de vue académique. Qui restitue le sujet contre le règne du processus aveugle. La guerre naît de l’hostilité, celle-ci étant la négation existentielle d’un autre être. En quoi est-elle effectivement une théorie de l’« équilibre » ? Études internationales, Volume 40, Numéro 1, mars 2009, p. 55–72Carl Schmitt et les relations internationales, Tous droits réservés © Études internationales, 2009. Carl Schmitt fustige l’existence d’un « État total ... Pendant la guerre froide, il y avait deux camps, deux options : le capitalisme et le communisme. endobj Et, en effet, il y a des traces que la théologie politique de Schmitt va de pair, en ce qui concerne les relations internationales, avec une certaine « mystique de l’espace » (Haggenmacher 2001: 35) : Inexorablement, dit Schmitt, le nouveau nomos de notre planète se déploie. 5Daprès Schmitt, la guérilla espagnole de 1808 à 1813 fut le point de départ historique du phénomène partisan au sens moderne, même si les protagonistes étaient encore animés par des idéaux traditionnels. Il faut qu’une nation soit concrètement « constituée » comme telle pour qu’elle puisse se doter d’une constitution. Cela caractérise la rhétorique schmittienne : d’un côté, il met la science au service de la politique ; mais de l’autre, si on lui reproche d’être prescriptif, il se défend de faire autre chose que des « diagnostics » scientifiques (Schmitt 1945a). stream 8 0 obj Schmitt oppose à la démesure de la « philosophie de la terre électrifiée » (Schmitt 1923), partagée par le capitalisme et le communisme, la mesure du théologico-politique. Au niveau extra-européen, les conquêtes territoriales, sur le continent américain en particulier, permettent de délocaliser les conflits entre puissances européennes au-delà de « lignes d’amitié », où les règles du droit de la guerre ne valent plus. *J?HME+S#F'T:oCYsAYG/1@T3POG8mdXL@ucD'4YbFjj8Z;N6:#\F85[a%W52&r%n\HD7B&?Z5#;/3X"4@O7>rO-2B2Z8bEs6%P_ER_^f[=a?IRMB58H:l[^possY_[tGp_@Aa+p?L&5;u>-;%;YQ67$foIFj8u9lZZt?F>PB>n996-2lrTpI4Kk)F*=S[ Sous Weimar, Schmitt contestait à Kelsen que ce rôle puisse être endossé par une instance judiciaire, une cour constitutionnelle. C’est ainsi que l’énoncé « der Führer schützt das Recht » (« le Führer protège le droit ») (Schmitt 1934b) peut y devenir une tautologie qui donne à toute décision de Hitler le statut d’expression du droit. Mais cette conception théologico-politique porte à son tour en son sein les germes d’un certain fatalisme, d’une autre nature, mais non moins dangereux. En 1939, de manière analogue mais dans le champ du doit international, la théorie de « l’ordre des grands espaces » est la réponse schmittienne à l’idéologie supranationaliste portée notamment par Kelsen. Défini en deçà de la dissociation entre le fait et la norme, le nomos est un concept à la fois descriptif et prescriptif. Schmitt se situe volontairement en deçà de la dissociation entre droit et politique. stream Dans quelle mesure une théorie qui prend le parti du réel ne court-elle pas le risque de se subordonner au réel ? Mais elle confisque à son profit le pouvoir ultime de décision et d’interprétation pour ce qui concerne l’intervention. L’État est au centre d’une tripartition entre la sphère abstraite du droit et l’univers empirique des individus : La place de l’État comme médiateur entre deux univers résulte d’une opposition entre la norme et le monde réel empirique. » Le contrôle matériel est si bien établi que, « d’un point de vue strictement juridique, il n’y a même plus en l’occurrence d’intervention » (Schmitt 1950a : 249)[6]. En particulier les modes non « politiques » de subordination de certains États à d’autres : la subordination technico-économique ne se traduit pas dans les catégories du droit international public, et sa nature politique n’apparaît pas. Schmitt en rend compte lui-même dans son interrogatoire à Nuremberg (Schmitt 2003), mais c’est un plaidoyer pro domo. D’un côté, la théorie des grands espaces est un appel à une politique de la mesure ; mais, de l’autre, elle légitime toujours l’exercice de la puissance, puisqu’elle enracine le droit dans la force victorieuse, seule capable d’être « souveraine ». La restriction d’accès aux articles les plus récents des revues sous abonnement a été rétablie le 12 janvier 2021. En réalité, nous vivons seulement la fin des relations anciennes de la terre et de la mer. Le maintien de l’idée d’une mesure, dans ce contexte, doit procéder d’une foi en une forme de Providence. Pour Schmitt, le Reich allemand, en affirmant son particularisme, jusque dans son racisme[12], est censé faire barrage au potentiel destructeur des deux universalismes, bolchevique et capitaliste, qui sont voués, sans cela, à se livrer une lutte sans merci. Schmitt explique : Le but de cette nouvelle méthode est de supprimer l’ordre et la localisation inhérents au territoire étatique dans sa forme admise jusque-là […] La souveraineté territoriale se transforme en un espace vide, ouvert à des processus socioéconomiques. <>/Border[0 0 0]/Rect[57.136 547.9 178.584 557.5]/Subtype/Link/Type/Annot>> Le formalisme juridique et l’empirisme des sciences politiques, par-delà leur apparente opposition, forment un même système épistémologique, où la division du travail théorique est bien comprise. La justification du caractère juridique des relations de puissance a donc un prix important dans l’économie théorique schmittienne : c’est que, d’une certaine manière, on ne peut plus sortir du droit. Est-il à la frontière entre deux époques épistémologiques ? Le nomos, selon une certaine acception de ce terme chez Schmitt, se déploie selon un processus historique. Le principe « cujus regio, ejus religio » exprimait, si l’on suit Schmitt, la fin des affrontements transfrontaliers inexpiables, menés au nom d’idéologies universalistes antagonistes, le catholicisme et le protestantisme. Selon cette interprétation, l’État viole le droit international s’il inflige un dommage limité à un autre État, auquel cas il est permis à son ennemi de réagir au moyen de représailles. Toutes les époques ont connu des règles de la guerre et, par conséquent, des transgressions de ces règles. Pour Schmitt, la constitutionnalisation de l’ordre juridique international marque le « tournant vers le concept de guerre dis- criminatoire » (Schmitt 1938). À l’une la compréhension de la logique de la puissance ; à l’autre la hiérarchisation des règles de droit. C’est cette cohérence même de sa pensée, de 1918 à 1945, qui l’empêche de voir advenues les nouveautés dont il est le prophète. endobj Voir les commentaires désobligeants des juristes contre le plaidoyer de Schmitt en faveur de Friedrich Flick (Schmitt 1945b). Elle dit que le souverain est l’instance en qui s’incarne le « droit » abstrait, l’idée du droit. !f)n%R5*]ATlelgY/CbPD#2kS5JHHtd*B-[6ImGS\0eoOF;[AC(%?csK?kO(F>S91s1`=\_&pkFYsd?YZ+-DW99dk-ge:_;EY`Xno@n`GTS@AVG#4jUmnR6!2/C"pt%emo78>#qE7GQ4:qX87(3B9B!/X&/C:cB9qg(L:RgC/9-iMHf7bmq5j]LSX3A9\KFn!Of#`0D=6u[`F=ie_r;h@J0nCsdE.9Q+/qthtr[Wl=&PILiB@uj6dl9-tAo;j`Inl5RerqhCZ$$RM:EZfm&VCK\[`JOt%HUgYEq;inM/Tq%tqNXcKU5m)c&6;e*IcRa,:!5qm7PZZqGW=mqUbBi&&PLI'BH6TP1dgENuHd1+kfl13n[1Mn)'.QNqOnulV3685VeW"c%f([cFeZg,I-.ls5)O&)oq*BTB4>GHa:"$M+'W@A*jDn1;>-BEZ:Nf"ebr3S/[n2Jq=\J endstream Un État dont la liberté d’action est ainsi sujette à des droits d’intervention est autre chose qu’un État dont la souveraineté territoriale consiste à déterminer librement, par sa propre décision souveraine, la mise en oeuvre concrète de notions comme indépendance, ordre public, légalité et légitimité, ou même sa constitution en matière de propriété ou d’économie, et à réaliser ainsi le principe cujus regio ejus economia. <>/Border[0 0 0]/Rect[306 15.625 391.967 24.625]/Subtype/Link/Type/Annot>> Samuel Faure et Christian Lequesne, RIS <>/Border[0 0 0]/Rect[36 429.5 107.64 439.5]/Subtype/Link/Type/Annot>> endobj On voit parfois dans ce texte un texte de jeunesse, où Schmitt paraît encore proche de Kelsen, affirmant la supériorité de la norme sur l’État et la nécessité du caractère impersonnel de l’État. C’est pourquoi elle va de pair avec le nouveau principe : cujus regio, ejus economia. Dans quelle mesure la théorie schmittienne de l’ordre des grands espaces est-elle juridique ? Idéalistes ou réalistes, les théoriciens des relations internationales partagent le fait de se définir dans une distinction par rapport aux juristes. Celle-ci est censée faire barrage au déterminisme aveugle et destructeur de la technique[14], en rétablissant dans leurs droits la décision et le sujet politiques. Malgré son hostilité à la pensée libérale, qu’il considère comme une dénégation de la réalité de la politique, c’est-à-dire de la distinction ami-ennemi, la pensée politique de Schmitt aurait quelque chose d’analogue à la pensée économique libérale : le rejet d’une direction « par le haut » des affaires humaines et la confiance en une régulation immanente produite par le libre exercice des puissances des sujets. Dans la théologie politique schmittienne, le vrai universel n’est pas celui qui s’affirme comme universel, car celui-ci se rend incapable de reconnaître aucun particularisme, c’est-à-dire incapable de reconnaître l’Autre. » Carl Schmitt, entretien radiophonique, 1er février 1933 (Schmitt 2003 : 104). 14 0 obj x�}��j�@�ὯB˖R�s��(N�@MK�pl95$�Q�E��� N’y a-t-il pas chez Schmitt une foi dans le fait que, de l’exercice des puissances mené à son terme, doit résulter un équilibre, « comme par l’effet d’une main invisible », pour reprendre l’expression d’Adam Smith ? Ce faisant, ne se voue-t-il pas à une dissociation entre le politique et le juridique ? Carl Schmitt peut paraître proche de cette tendance réaliste des relations internationales, lui qui ne cesse de pourfendre le « normativisme juridique » au nom d’une pensée « selon l’ordre concret » (Schmitt 1934a). Elle ne représente pas une rupture dans l’histoire elle-même. Elle crée la figure d’un ennemi absolu – Schmitt le désigne aussi comme l’Antéchrist.