Antigone est morte d’avoir cru à la valeur supérieure des liens humains constitutifs du genos, déjà dépassé au temps de la Cité. ». De même que le mythe doit répondre à la question angoissante de l’altérité ( de la distance qui nous sépare de l’Autre , de l’étranger ),là encore, la fonction du mythe consiste à combler imaginairement, par la divinisation du désir , l’écart qui nous sépare des dieux, résolvant, -avant que la réflexion philosophique ne la pose-, la question de la transcendance. Il a eu un très fort impact sur la société, qu'il continue d'avoir aujourd'hui. le désir humain est encore compris comme Eros, comme cette force inhérente à l’homme qui lui permet de combler l’écart qui le sépare des dieux. La constitution de la Cité, c’est la consécration, Mais de qui se compose cette population qui est exclue des droits du citoyen ? IV Le Complexe d'Œdipe « Ne dois-je pas plus longtemps plaire à ceux d’en-bas qu’à ceux d’ici, puisque c’est là-bas qu’à jamais je reposerai » (v.74-6), dit-elle à Ismène. Lykos et Niktée, qui assurent la régence, seront éliminés tous les deux par des personnages étrangers. Elle brûle de le voir au grand jour dans tout son éclat. On fait venir ce malheureux serviteur de Laïos. Sa jambe gauche repose sur une roche tandis que la droite…. En appliquant ce qualificatif à Antigone, Sophocle détourne le mot de son usage courant : il en fait le lot d’une conjurée solitaire qui, à l’instant de mourir, « oubliera » toutes les relations qui la relient à ce monde, jusqu’à l’existence d’Ismène. Bien plus : S’il est vrai que ceux qui vivent et, tout autant, ceux qui se tuent reconnaissent et, pour ainsi dire, acceptent le triomphe de la fatalité, il faut, pour qu’Antigone ne soit pas complice de la dissolution du « genos », qu’elle « meurt vivante ». Il nous reste à comprendre quelles sont les conditions historiques qui ont permis l’émergence d’un mythe relatif à cette vérité, qui dépasse le récit où elle prend corps, précisément en cette période de l’Antiquité grecque qui précède et prépare l’avènement de la Cité. Le suicide : mourir « de sa propre main » ( en grec : auto-kheïr). » L’histoire raconte qu’un jour où Laïos est ivre, il se laisse pourtant aller à planter dans le champ de son épouse, pour parler comme les Grecs, une semence qui va germer. Il se trouve qu’au même moment la cité de Thèbes avait affaire à une pestilence terrible, et que Laïos voulait se rendre à Delphes pour demander conseil à l’oracle. Œdipe, est présent dans tous les épisodes de la pièce. 7 novembre 2013 Laisser un commentaire. Non à la loi de la cité ; non aux décisions de son oncle Créon, qui provoque un monstrueux déséquilibre entre les deux frères. Le malheur de Penthée,le Grec, nous permet de comprendre cette leçon que Nietzsche a recueillie : : La seule condition pour découvrir dieu en soi-même, c’est de ne pas se confondre avec la conscience que l’on a de soi, avec cette identité que nous empruntons à une fonction, une situation sociale, avec l’appartenance à un groupe et à une culture . Ils le portèrent à Polybe, roi de Corinthe, qui l'éleva comme son fils. Œdipe doit absolument répondre…. Les interprétations de ce mythe sont légion, mais pour l'une d'elles, Œdipe est puni pour son hubris, pour sa démesure : avoir pensé être l'égal des dieux en connaissant notamment son destin. L’humanité n’est pas condamnée à la décadence, parce qu’elle n’existe qu’à travers la succession des générations. Dans ces conditions, que peut signifier le choix de le liberté, qui est celui d’Antigone, sinon le refus du destin ? Sur le fond d’identité qui est le « genos », tuer quelqu’un qui est soi-même revient à se tuer. Ce refus d’Antigone d’être une étrangère, qui est le moteur de la tragédie, s’éclaire par le destin des Labdacides où s’inscrit sa destinée : Depuis l’automutilation d’Œdipe, la cascade des suicides illustre cette fatalité par laquelle l’introduction d’un «étranger dans la « famille » conduit à son autodestruction. Après avoir tué un dragon qui protège la source du dieu Arès, dieu de la guerre, protecteur du lieu, il sème dans la plaine les dents du dragon, dont chacune d’elles donne naissance à un guerrier, qui surgit du sol ; depuis lors ces guerriers, nés du sol ( auto-chtones ) prennent le nom de « Spartoi » c’est à dire « les semés ». Antigone ne pouvait « se tuer », se donner la mort « de sa propre main », sans inscrire cette mort dans la destinée des Labdacides : c’eut été donner raison au destin. Voilà un sentiment, qui n’a certes pas aujourd’hui disparu : une famille se sent coupable lorsque l’un de ses fils se suicide, mais  la différence est majeure, qui nous sépare des Grecs : aujourd’hui ce sentiment fait partie de la vie privée et ne met pas en cause les rapports sociaux « extérieurs », objectifs, publics, qui constituent notre vie. Une série sur les grands mythes de la mythologie grecque, créée par François Busnel et diffusée sur ARTE. La mythologie nous dit tout autre chose que la religion ou la philosophie : Quand les hommes sont parvenus à l’âge de fer, l’humanité n’est pas condamnée au vieillissement et à l’extinction, parce que l’homme, à la différence des animaux, ne reste pas « le même » toute sa vie : les stades que les hommes ont parcourus : de l’âge d’or, puis d’argent à l’âge de bronze pour se retrouver à l’âge de fer, sont en même temps les « âges » de toute vie humaine, à chacun desquels l’homme est différent. Voici donc le père et le fils - le père convaincu que son fils est mort, le fils certain que son père est un autre – cheminant en sens inverse. » Et la tragédie s’achève par ces paroles de Créon : « malheureux, je ne sais que faire..Tout vacille entre mes mains, et sur mon front s’est abattu un sort trop lourd à porter. La reine Jocaste attend un enfant. Rencontrant Dionysos, il l’interroge sur son dieu ; et lui demandant s’il l’a vu, il obtient cette réponse sibylline : :« je l’ai vu me voyant ». Ce voyageur conduit l'enfant à la cour de Polybe, roi de Corinthe, qui l’élève … Il est donc aussi le meurtrier de sa femme. Introduction L.A n° 1 : Laïos, averti par un oraclequ'il serait tué par son propre fils, décida d'échapper à son destin : il attacha les deux pieds de son fils nouveau-né et le perdit dans la montagne. Il n’y a de Cité qu’autant que, à l’origine comme à la base, la majorité des hommes, d’une population tout entière, est privée du « droit de cité  ». 6ème fait : Le fils, pourtant avisé, intelligent (puisqu’il résout l’énigme de la sphinge), commet l’inceste sans le savoir, en épousant sa mère. Il consulta secrètement l'oracle d'Apollon à Delphes qui lui déclara que tout enfant né de Jocaste serait l'instrument de sa mort. Comme le note J.P.Vernant, « l’événement historique qui précède la formation des cités grecques, c’est l’effondrement de la Société de type “oriental”, où règne un souverain qui, à travers son administration, domine aussi bien les hommes que l’économie : il entasse dans ses pithoi (jarres) les produits du pays, contrôle l’élevage et comptabilise les récoltes. Le visage, en grec, se dit «prosopon» : Ce qu’on présente de soi au regard d’autrui, cette figure individualisée offerte aux yeux de quiconque est comme le sceau de leur identité. Or, à l’époque où le mythe voit le jour, cette idée abstraite de l’homme n’est pas dégagée. Il faut, ajoute-t-il qu’elle soit en même temps « transcendance », qu’elle s’impose comme un destin qui rencontre la liberté de l’homme ; et il cite l’exemple d’Œdipe : « Œdipe n’a pas voulu tuer son père, il n’a pas voulu épouser sa mère : le destin est tragique parce qu’il écrase une volonté qui voulait une autre destinée. Voici ce que nous révèle pour la première fois la tragédie grecque : Il n’y a de tragique pour l’homme qu’à partir du moment où il ne domine pas son destin ; Il faut aller plus loin, comme nous y invite la tragédie d’Antigone : Pour l’individu, le tragique ne menace ou ne détruit sa vie qu’à partir du moment où les hommes ne maîtrisent pas leur histoire. Dionysos et son cortège de femmes lydiennes, qui ont envahi Thèbes, entraînent les femmes thébaines, « ces matrones solidement installées dans leur statut d’épouses et de mères; elles abandonnent leurs enfants, quittent leur mari, et s’en vont dans les montagnes, dans les terres en friche, dans les bois se promenant dans des tenues étonnantes, se livrant à toutes sortes de folies …Selon ce qu’affirment les paysans. Cette tragédie est l’expression d’une contradiction profonde éprouvée par les hommes dès l’Antiquité, à partir du moment où l’évolution des communautés à structure familiale conduit à l’instauration d’un pouvoir, exigeant la reconnaissance d’une certaine forme d’individualité : -comment confier à un individu investi du pouvoir la tâche d’assurer la continuité et la pérennité du groupe qui était jusqu’alors celle de la collectivité tout entière, mise en œuvre par les hommes en âge de s’y consacrer et éclairée par les Anciens ? C’est une huile sur toile. Le personnage a inspiré des chefs-d’œuvre tragiques, qui ont tracé de lui le portrait d'un homme torturé par un destin insupportable. La fatalité, c’est l’inéluctable destruction du « genos » et des rapports humains, quand les hommes libres, en bâtissant la Cité, fondent leur liberté non plus sur leurs liens personnels, mais sur la domination des autres, et leur identité sur la « différence ». Le mythe d'Œdipe : La ville de Thèbes, qui avait été fondée par Cadmos, époux d'Harmonie, avait pour roi Laïos, leur descendant. Quand la terre les a recouverts, ils s’évanouissent comme une fumée dans la brume du pays des morts. La sphinge est bien placée pour poser la question de savoir ce qui distingue l’homme, ce qui fait sa différence, ce qui en fait un être à part parmi les vivants ; elle détient la réponse, parce qu’elle est un être hybride, à la fois humain et animal. 4)A quoi servent les récits rétrospectifs ? Nous avons vu dans le deuxième chapitre que Marie Delcourt assimilait le mythe d’Œdipe à un mythe d’investiture royale. Le mythe d’Œdipe. Il faut partir d’un paradoxe, qui, sans doute, échappe à première lecture, et qui a été mis en lumière dans une analyse de Nicole Loraux, dont nous nous inspirons, intitulée : « La main d’Antigone ». On ne peut parler de l’homme qu’au pluriel. La mort d’Antigone et le sens de la tragédie : Nous savons ce qu’Antigone refuse : ce sont les nouveaux rapports sociaux constituant la structure de la Cité, qui ont détruit et voudraient renvoyer au passé les liens privilégiés qui constituent la structure du « genos », où l’individu peut être « le même » à travers tous les âges de sa vie, parce que, dans la famille, il sait que son identité personnelle se poursuit à travers sa progéniture ; parce qu’il a conscience de réaliser son individualité à travers la succession des générations. Rencontrant Dionysos, il l’interroge sur son dieu ; et lui demandant s’il l’a vu, il obtient cette réponse sibylline : : «Se mirer, c’est projeter sa propre face devant soi, en vis à vis, se dédoubler comme on le ferait d’un autre, en sachant qu’il s’agit de soi. Ainsi, le refus de l’Autre menace ceux qui le rejettent de la perte de leur identité . L’image de la Cité déséquilibrée par l’accaparement du pouvoir par un Etranger est exorcisée par le récit du malheur qui s’abat sur cet orgueilleux. Il essaie d’avoir avec lui une relation érotique à laquelle le fils du roi se refuse. Le fait de se produire à la vue de tous, porteur du cadavre de son fils le désigne lui-même comme coupable : «  ce n’est pas la malédiction d’autrui, commente le chœur, il est lui-même le fauteur ». Avant la naissance d'Œdipe, Jocaste et Laïos, couple royal de Thèbes, consulte un oracle qui leur prédit que leur enfant tuera son père et épousera sa mère. Créon ordonne que l’on recherche le coupable. Et là commence la tragédie d’Antigone., écrite par Sophocle. Euro peut également renvoyer au phénicien « ereb », désignant le soir ou l’Occident par rapport au Pays du Levant. Laïos part à Delphes consulter l’oracle pour savoir ce qu’il doit faire pour avoir une progéniture. C’est bien la mort que lui a inventée Sophocle, mais pourquoi ? Un corps inerte et vu de dos, c’est tout ce qu’il nous reste à voir et entendre d’Antigone. Et, pour dire ma sœur, elle emploie le mot appliqué à Polynice : « auta-adelphon », indiquant par l’emploi du réfléchi « auta » que sa sœur, comme son frère, fait partie « d’elle- même », que, dans le groupe que constitue une famille ( « genos »), l’individualité de l’un est inséparable de l’individualité de l’autre, quoiqu’il arrive. C’est ce que suggère la prescience d’Eurydice venant s’enquérir d’un « meurtre familial »,qui est la mort d’Hémon, un malheur qui concerne « les siens » et qu’elle retourne immédiatement contre elle-même. Il se demande ce qui se passe. Sa première réplique est fortement…. Le problème est posé, tel que nous l’avons appréhendé, comme le point de départ du mythe : 1.Dans le prologue, elle évoque, devant sa sœur Ismène, la vraie gloire donnée à son frère Etéocle, mort pour la cité, en combattant devant le réprouvé, dont le nom est, 6.Entrent Créon et Hémon. Place du mythe et du complexe d’Œdipe à partir de la conception de la psychanalyse de Nicolas Abraham et de Maria Torok. Que peut signifier le messager annonçant au Chœur : « Ils sont morts ; et les vivants sont cause de mort. L’interprétation psychanalytique du mythe d’Œdipe, prisonnière de l’idéalisme philosophique, est un contre sens manifeste. Qui est donc Antigone ? Mais il y a plus : à travers le personnage et l’histoire de Dionysos, au delà de la question angoissante posée par les Grecs de leur identité culturelle, c’est sans doute la première fois qu’apparaît l’interrogation de l’homme sur son individualité personnelle. Il aperçoit un berger venu de Corinthe qui fait paître ses bêtes sur l’autre versant de la montagne. 1) Etude du tableau d’ INGRES A l’origine l’économie est entièrement agraire ; l’artisanat et le commerce sont des compléments et n’existent qu’autant qu’ils sont nécessaires aux échanges des produits agricoles. Et, pour finir, rien n’est moins à elle que cette mort qu’elle n’est même pas dite s’être donnée à soi. La logique de la tragédie, qui fait suite à la malédiction du Mythe d’Œdipe, n’est rien d’autre que l’auto-destruction de la famille, qu’une fatalité  pousse à se détruire, à mourir de sa propre main. C’est Apollon qui a prédit : «  Tu tueras ton père, tu coucheras avec ta mère. Cette liste recense des œuvres y faisant référence. Aussi, lorsqu'elle eut un fils, il l'exposa sur le mont Cythéron. 2 Une vérité qui reste aujourd’hui encore, pour une grande part, dissimulée ; ce qui permet de comprendre la pérennité du mythe jusqu’à nos jours, et l’attraction qu’il exerce sur les penseurs en un temps où l’individu cherche à comprendre le rapport de l’homme au monde à partir de la conscience qu’il prend de son individualité spécifique. Œdipe reste à jamais Etranger à cette terre des hommes. ). Pour le public moderne, Œdipe a été utilisé par Freud pour décrire sa théorie du complexe d’Œdipe, le désir des garçons et des hommes à dépasser leur père et être égaux sexuellement à leurs mères. Puis il se rend en pleine nature pour se rendre compte par lui-même et comprendre, s’il se peut, les causes de ce dérèglement, persuadé qu’elles se livrent à des orgies sexuelles ébouriffantes. Son statut est ambigu : elle est tantôt une « femme » (gunê), pour Créon , mais jamais pour elle-même ; tantôt une « enfant » (pais), pour le chœur ; tantôt une « jeune fille » (korê), pour Créon notamment ; elle est enfin une « fiancée » (numphê), pour les autres personnages de la pièce, et pour elle-même au moment où elle disparaît. Œdipe est sur son char, Laïos sur le sien. Antigone : « Je ne suis pas de ceux qui haïssent, mais je suis née pour aimer. Dans une société où les individus se définissent par l’égalité entre eux (« l’isonomie »), chaque homme perd son individualité, toute entière riche de ses liens personnels avec les autres, au profit d’une identité abstraite : il n’est « le même » (idem) qu’en n’étant pas lui-même (ipse) , en détruisant les liens qui, dans la « famille » lui permettent d’être soi en se perpétuant. L’ascendance de Cadmos est le premier fait significatif de notre histoire :Il est fils d’Agenor, roi de Tyr, cité du proche orient , de la Syrie d’aujourd’hui, Cadmos est un homme de l’Orient, étranger, phénicien :appartenant donc à une autre civilisation et à un peuple qui dans le monde grec est le fer de lance de la colonisation et du commerce, Signification :Cette histoire met sans aucun doute en jeu le rapport de l’Occident avec l’Orient, de la culture grecque avec une autre culture, et en même temps le rapport du Grec avec l’Etranger. Le mythe d'Œdipe. Le problème est celui du pouvoir qui seul peut maintenir, en même temps qu’un ordre social, la continuité d’une culture. A ce moment-là, il n’y a plus l’ombre d’un doute. Pourquoi la mort qu’elle a « choisi » se réalise sans elle, sans qu’elle y prête sa main ? Après avoir tué un dragon qui protège la source du dieu Arès, dieu de la guerre, protecteur du lieu, il, Pendant sept ans Cadmos est l’objet de la colère d’Arès pour avoir tué le dragon qui protégeait sa source. Pas d’autre moyen pour s’appréhender soi-même dans sa singularité que ce face à face à travers le miroir où l’on se voit en train de se voir, où l’on se regarde se regardant. Ou : l’angoissante contradiction au cœur de l’individualité humaine, Après la mort tragique de Penthée, le trône se trouve vacant : il est occupé très peu de temps par l’autre fils de Cadmos, Polydoros, qui a épousé Niktéis, une « semée », une autochtone, pour donner naissance à un fils, significativement dénommé. à cette époque. Sans doute la pendaison était le supplice réservé aux femmes ( et peut-être y a-t-il une raison à cela), mais on peut s’étonner du fait qu’elle a, malgré tout, « choisi » cette mort comme « sa » mort. L’équilibre est précaire, réalisé après plusieurs années de guerre ; l’union est symbolique, réalisée par la création du personnage mythique d’Harmonie. Il sait tout, qui a tué Laïos et qui est Œdipe, parce qu’il est en rapport avec Apollon, son maître. Ce nom comporte deux étymologies, dont les Grecs pouvaient fort bien associer les significations : Eurus :large et ops ; l’œil peuvent désigner une jeune fille « aux larges yeux ». Il faut noter d’abord que, dans toute la tragédie, Antigone est désignée par des termes relationnels, dont il semble qu’aucun ne lui convienne, qui disent son appartenance à une classe d’âge, à une filiation ou à un lien contractuel. Comment assurer le maintien des statuts, des fonctions, et leur hiérarchie, en dépit du flux des générations qui naissent, règnent et disparaissent ? Il en va tout autrement dans le monde antique : Antigone aime la vie et le proclame dans son premier assaut avec Créon qui l’accuse de vouloir la mort : « Je ne suis pas de ceux qui haïssent, mais je suis née pour aimer. » La sphinge, se voyant vaincue dans cette épreuve de savoir mystérieux, se jette du haut de son pilier, ou de son rocher, et meurt. Une fois Œdipe venu au monde, ils jugent plus prudent de l’abandonner ; il est alors recueilli par Polybe et Mérope, souverains de Corinthe. Des pâtres le trouvèrent et comme il avait les pieds enflés par les cordes dont on les avait serrés, ils le nommèrent Œdipe (du grec odein, être enflé, et pous pied). 7ème fait : Une progéniture contre nature, menace de la décimation des hommes : Tout se passe bien pendant des années. C’est lui qui va jeter le trouble dans Thèbes et provoquer la mort tragique de son roi, Penthée, fils d’Agavé, la sœur de Sémélé. Un berger le trouva et l'emmena dans son … C’est ce qui fait son pouvoir explicatif, et vous comprenez bien j’espère que dire cela n’a rien de péjoratif. Jean Auguste Dominique INGRES est un artiste peintre français néo-classique du 19èmesiècle. À la naissance de ce fils, Laïos et Jocaste ordonnent à un serviteur d’abandonner l'enfant sur le mont Cithéron, après lui avoir attaché les pieds. Le suicide d’Hémon n’est pas l’acte d’un individu, mais la tragédie de la « famille » : en la personne d’Hémon (aïma : le sang) le père a versé son propre sang ! Jocaste met au monde un petit garçon, qui portera le nom d’Œdipe (étymologiquement, pour les raisons que nous allons découvrir : pied bot). Il décide d'échapper à son destin : il attacha les deux pieds de son fils nouveau-né, … II. Il fut pris d’une passion homosexuelle pour Chrysippos, fils du roi, et l’enleva. Comment un Grec, contraint à ces échanges avec l’Autre, peut-il lui faire sa place sans perdre son identité ? La constitution de la Cité, c’est la consécration, - l’institutionnalisation-, de cet état de fait. Lui qui entendait distinguer les deux frères et refusait de les considérer comme un seul sang, niant ainsi la primauté de la « famille » (des liens du sang) pour affirmer comme essentielle l’appartenance des individus à la Cité, et leur soumission à ses lois, voici qu’il éprouve la souffrance du soi détruit par soi-même, découvrant du même coup par lui-même que l’essence de l’individualité tient tout entière dans les liens du « genos ». Avant même que les évènements ne démontrent qu’on ne peut détruire le lien familial sans supprimer l’individu, c’est elle qui, dès la première scène de la tragédie, affirme le caractère essentiel, fondamental de ces « liens du sang ».Dans cette scène où elle est seule en présence d’Ismène, si différentes l’une de l’autre d’apparence et de caractère, et si opposées face à leur devoir, quant à la conduite à tenir face à la loi de Créon, Antigone, au premier vers va énoncer l’essentiel : «  Tu es mon sang, ma sœur Ismène, ma chérie. Comprendre la pièce en sa globalité…. Nul chien ne peut le rattraper à la course. Il a peint le tableau « Œdipe et le Sphinx » en 1808. Le chœur. Antigone a-t-elle choisi d’être seule ? Ce mythe a été décrit par trois poètes, Appolonius, Virgile et Ovide. En premier lieu, bien évidemment, des esclaves, qui sont la force de travail, mais aussi des étrangers ou métèques, c’est à dire (étymologiquement) ceux qui ont le droit de résider sur le territoire de la cité sans bénéficier des droits du citoyen, autorisés à exercer leurs activités professionnelles, toutes ces activités dont les hommes libres veulent être déchargés pour s’occuper principalement, comme le dit encore Aristote, de politique et de philosophie. Travaux encadrés : voir la pièce en classe+ lecture de la pièce et l’explication de mots difficiles. Sur le fond d’identité qui est le « genos », tuer quelqu’un qui est soi-même revient à se tuer. Créées toutes deux par les « Immortels qui occupaient l’Olympe », quand régnait Cronos, Si l’on se représente cet âge comme le dernier stade d’une chronologie qui définit la race des hommes, l’humanité devrait n’être plus qu’une population de vieillards, donnant naissance à des enfants. 6.Entrent Créon et Hémon. Et, le voici victime du double écueil que nous avons souligné : Incapable de reconnaître son père, il est conduit, sans le savoir, à le supprimer : c’est le meurtre de Laïos, tout en s’identifiant à lui, comme s’il était le même ; et quelle meilleure façon de s’identifier à lui que d’épouser sa mère ! Et voici le roi, le citoyen, le Grec qui s’habille en femme, se féminise, devient en tout semblable à un asiatique. Ils appellent donc un de leurs bergers qui, au cours de l’été, s’en vont sur le Cithéron faire paître les troupeaux royaux. J.P.Vernant commente ainsi : «Le petit Dionysos est, dans le miroir où il se dédouble, séduit par son image, diverti (détourné de lui-même ).Il projette son reflet ailleurs qu’en lui-même, se divise en deux, se contemple non là où il est et d’où il regarde, mais dans une fausse apparence de lui-même, localisée là où il n’est pas en réalité, et qui lui renvoie son regard.