Les libéraux pensent que la vraisemblable succession au trône, anticipée, mettrait en difficulté Bismarck. En tant que député, il continue à se présenter comme un conservateur. Napoléon III reçoit ainsi publiquement un énorme camouflet diplomatique. Elle lui donne également l'envie de s'échapper de son milieu social. La question de la réforme de la Confédération germanique est vite mise au second plan par une crise internationale de plus grande ampleur. Ainsi, ses ministres ne peuvent rendre des comptes qu'au roi, mais ils ont besoin au préalable de l'accord personnel de Bismarck[l 58]. La convention d'Alvensleben du 8 février 1863, qui prévoit le soutien de la Russie dans sa lutte contre un soulèvement en Pologne, reçoit une large désapprobation en Prusse, même au sein des cercles conservateurs. À la fin des années 1870, il se sépare des libéraux, pour renouer avec les conservateurs. Déjà en 1872, il déclare : « Je n'ai plus de carburant, je suis à bout[l 109]. Bismarck a en effet une influence majeure sur le cours de l'histoire, influence qui a conduit également à la déroute de l'Allemagne[l 209],[l 208]. La mésentente avec le chancelier Otto von Bismarck (Photo : Domaine public) En effet, si le chancelier Otto von Bismarck prônait la politique étrangère pacifique et soulignait l’importance d’une bonne entente avec la Russie, Guillaume II, lui, s’y était fortement opposé. Bismarck réussit à convaincre le roi, pourtant très réticent à l'idée d'une « guerre fratricide », et à le dissuader de changer d'avis lors des mois suivants. En 1869 et 1870, la crise successorale en Espagne donne à Bismarck l'occasion de déclencher une crise. Il lit énormément, sur des sujets très différents, tels la philosophie, l'art, la religion ou encore la littérature[l 23],[l 21]. Cela conduit à de vifs conflits avec le commandement militaire, qui atteignent leur paroxysme quand la question est posée de savoir s'il faut assaillir ou assiéger Paris[w 13]. Au même endroit, se trouve également le mausolée où gisent Otto von Bismarck et sa femme[w 32]. En effet, ce nouveau parti formé en 1870 a fait perdre de son influence au chancelier, et il est important pour lui de former un parti principalement conservateur pour le contrebalancer. Il ne compte d'ailleurs pas, au départ, régler le différend austro-prussien de manière militaire. La guerre en elle-même est brève. Il est fait citoyen d'honneur par de nombreuses villes, par exemple, en 1895, par toutes les villes de Bade. Ce courrier résume à merveille la pensée intime de ce prince ennemi de la France. Même si les interprétations politiques de Meyer sont convaincantes, la défaite du IIIe Reich et le partage de l'Allemagne rendent très difficile la défense de la place de Bismarck en tant que héros de l'unification. Cela renforce son prestige à l'étranger, tout en montrant immédiatement ses limites. Hemmung der staatsgefährlichen Agitation durch Verbots- und Strafgesetze. Les représentants des factions libérales de gauche, social-démocrate et catholique manifestent ainsi leur désaccord avec les méthodes politiques de Bismarck et leur désapprobation à l’égard de la manière dont le chancelier démis tente de s’insinuer dans les affaires politiques qui ne le concernent plus. Bismarck ne se sert pas de cette nouvelle possibilité immédiatement, car, à cause du conflit autour de la Constitution, il est pour lui hors de question de s'allier aux libéraux. L'Autriche décide, le 1er juin 1866, de faire trancher la question de l'avenir du Schleswig-Holstein par le Bundestag. » Il aurait également déclaré à Napoléon III : « en Prusse, seuls les rois font les révolutions »[l 91],[w 11]. Pendant ce temps, Bismarck cherche à mettre sous pression l'opposition prussienne, en allant chercher des succès sur la scène internationale. L'annexion de l'Alsace-Lorraine, confirmée par le traité de Francfort, rend les relations franco-allemande exécrables et ce jusqu'à la Première Guerre mondiale. Bismarck a donc de grandes attentes quant à ce nouveau climat politique qui envahit alors la Prusse. Il écrit également ses mémoires, qui influencent fortement l'image que se forge de lui l'opinion publique allemande. Wenn wir geschlagen werden […] werde ich nicht hierher zurückkehren. Même Ludwig von Gerlach prend ses distances avec lui. En fait, il note qu'il y a un vide juridique dans la Constitution à propos du ministre-président, et considère que le roi en tant que souverain est en droit de combler ce vide comme bon lui semble, et, donc, de court-circuiter le parlement[w 7]. Ça c'est ma carte de l'Afrique. » Cela n'en est pas moins une proposition de ralliement de la Prusse au mouvement national, qui est lui-même très proche du mouvement libéral. Dès les premières études biographiques à son sujet, dont certaines comportent plusieurs tomes, la complexité et l'opacité de sa personnalité sont mises en avant[note 6]. Le chancelier voit, en effet, en Ludwig Windthorst, un des représentants du Zentrum, un ennemi personnel : « Il y a deux choses qui embellissent et préservent ma vie : ma femme et Windthorst. Bismarck retourne à Friedrichsruh plein d'amertume ; il ne renonce pourtant pas définitivement à la politique : « on ne peut pas me demander, après avoir fait quarante ans de politique, que, soudainement, je ne m'y intéresse plus du tout[l 173]. Mythe fondateur et réalités politiques, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2010. Les élections voient la victoire des conservateurs qui, avec leurs deux partis, sont plus nombreux que les nationaux-libéraux[l 150]. La Bavière, le Wurtemberg, le pays de Bade peuvent bien laisser le libéralisme se développer, ils n’obtiendront pourtant pas le rôle de la Prusse. Son premier cas d'application est la crise des Balkans qui dure de 1875 à 1878. Peu après son retrait, il s'exprime de manière active dans la presse politique. Il résume sa politique étrangère dans le Kissinger Diktat de 1877 : il veut créer « une situation politique générale, où toutes les puissances, à part la France, ont besoin de nous, et éviter autant que possible la formation d'une coalition contre nous[l 120]. einer politischen Gesamtsituation [aus], in welcher alle Mächte außer Frankreich unser bedürfen, und von Koalitionen gegen uns durch ihre Beziehungen zueinander nach Möglichkeit abgehalten werden. Son successeur Frédéric III de Prusse est un libéral convaincu et un adversaire de taille du vieux junker mais son règne ne dure que quelques mois. Avec les moyens mis en place par Bismarck, il ne pouvait être atteint, « C'est la personne la plus intéressante imaginable, je n'en connais de plus intéressante, mais ce penchant constant à tromper les autres, cette ruse dans son état le plus abouti, m'est particulièrement repoussante, et si je veux m'élever, me grandir, il faut que je me tourne vers d'autres héros, « Je confesse facilement mon admiration : cet être était si grand, en soit si imposant, pour son peuple, si significatif dans tous les domaines, que tout ce qui l'entoure a valeur historique », « Personne, d'où qu'il vienne, ne peut ne pas reconnaître qu'il était la figure centrale et dominante de son époque, qui, grâce à son incroyable puissance et une énergie tyrannique, a montré la voie. Après avoir culbuté l’ordre européen, Bismarck, pour les deux prochaines décennies, se transforme en disciple de Metternich et mène une politique conservatrice de défense du statu quo. Lorsqu’il s’éteint en juillet 1898, l’ensemble de l’Allemagne semble s’être converti à son culte. Sa politique économique et commerciale se distingue des préconisations des libéraux à partir de la fin des années 1870 en soutenant une stratégie clairement protectionniste et favorable à l’industrie allemande qui connaît alors un véritable essor. Ce fait marque l'apogée de la carrière politique de Bismarck. Toutefois, cette union n'a pas la solidité de celle qu'elle a eu avec les nationaux-libéraux. À terme, Bismarck comprend pourtant qu’il doit se concilier les libéraux. L'opinion publique française nomme « revanche pour Sadowa ! En 1870, déjà, un parti catholique, le Zentrum, avait été créé sous la direction de Karl von Savigny. En raison de son comportement, Bismarck s'attire alors durablement l'animosité de la future reine. La Proclamation de l’Empire au château de Versailles, dans la galerie des Glaces, le 18 janvier 1871, peinte par Anton von Werner. Le 18 janvier 1871, l’Empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces à Versailles avec Guillaume Ier pour empereur. Quand, en 1881, son fils Herbert envisage d'épouser la princesse Elisabeth zu Carolath-Beuthen — divorcée, catholique et apparentée à de nombreux opposants de Bismarck, comme Marie von Schleinitz — il s'y oppose à la dernière minute, menaçant de le déshériter, puis de se suicider. Le 15 mars 1890, l’empereur retire son soutien à son chancelier, qui est limogé le 18 mars. Bismarck explique d'ailleurs au diplomate autrichien Alajos Károlyi que les deux puissances peuvent imposer leur volonté, en passant outre les décisions du Bundestag. En effet, cela éveille en lui la crainte d'une absorption de la Prusse par l'Allemagne, et à l'époque, il trouve la question nationale secondaire en comparaison avec la sauvegarde de la puissance prussienne[l 36]. En 1885, Bismarck présente un projet de réforme de la politique douanière, résolument protectionniste, qui propose, entre autres, de réduire massivement les importations, afin, principalement, de servir les intérêts des électeurs conservateurs. Après cet épisode, le chancelier se détourne de la lutte contre les catholiques pour s’opposer à un adversaire plus redoutable, les socialistes. À Berlin, l'opposition des libéraux au projet de réforme de l'armée se renforce, même si personne ne remet vraiment en cause la nécessité d'une telle réforme. Son machiavélisme lui sera reproché par les royalistes français qui l'accusèrent d'avoir œuvré à l'établissement de la république en France pour lui nuire. Le système d'alliance est complété en 1882 par le (Dreibund) entre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie, et, en 1883, par le (Zweibund) avec la Roumanie[l 122],[l 123]. Bismarck pense même un temps abolir le parlement et la Constitution. Frankreich liegt links, Russland liegt rechts, in der Mitte liegen wir. Même si la vie de Bismarck est complètement régie par sa passion pour la politique et par son amour du pouvoir, il aspire en même temps, et avec une égale intensité, à être libéré de cette charge. Son génie se révèle pleinement au cours de ces années. aus direkter Beteiligung der ganzen Nation hervorgehenden Nationalvertretung. La Bavière, le Wurtemberg, le pays de Bade peuvent bien laisser le libéralisme se développer, ils n’obtiendront pourtant pas le rôle de la Prusse. Bismarck conclut de la crise Krieg-in-Sicht, que seule une stratégie défensive est possible. L'Autriche voyant Bismarck affaibli, en profite pour essayer de faire passer une réforme de la Confédération germanique à son profit. Ce n’est pas par les discours et les votes à la majorité que les grandes questions de notre temps seront décidées – ça a été la grande erreur de 1848 et 1849 – mais. Au départ, seule une assurance couvrant les accidents est prévue, puis vient ensuite l'idée d'y ajouter une assurance maladie, une d'invalidité et un système de retraite. Fritz Stern prend en 1978 un cheminement original en écrivant la double-biographie de Bismarck et de son banquier Gerson von Bleichröder[l 224]. Dann ist es meine Pflicht, mit Ihnen die Weiterführung des Kampfes zu versuchen und ich abdiziere nicht. La biographie sur Bismarck la plus populaire de l'époque est celle de l'écrivain Emil Ludwig datant de 1926 ; elle propose en particulier une étude psychologique critique du chancelier, dans laquelle ce dernier est décrit comme un héros faustien dans le drame de l'histoire du XIXe siècle. En pratique, il cherche perpétuellement la polémique avec le diplomate autrichien Friedrich von Thun-Hohenstein, attaque sèchement Vienne et paralyse même le travail du parlement afin de pointer les limites du pouvoir autrichien à Francfort. La défaite allemande lors de la Première Guerre mondiale et le passage à la république de Weimar n'ont que peu d'influence sur l'image nationaliste de Bismarck ; en effet, les historiens de référence de l'époque restent profondément fidèles à la monarchie. Bismarck rédige lui-même la Kaiserbrief, par laquelle Louis II de Bavière demande à Guillaume Ier d'accepter la couronne d'empereur d'Allemagne[w 14]. Brausekopf, könne nicht schweigen, sei Schmeichlern zugänglich und könne Deutschland in einen Krieg stürzen, ohne es zu ahnen und zu wollen. La guerre franco-prussienne de 1870 permet de résoudre la question allemande en retenant la solution petite-allemande, défendue par la Prusse, et entraîne l'unification allemande en 1871. Dès lors, Bismarck – pragmatique mais aussi fondamentalement attaché aux traditions – s’accommode parfaitement de ce système dans lequel lui-même devient chancelier du IIe Reich. Cette loi ne reçoit que peu de soutien des nationaux-libéraux, mais Bismarck peut s'appuyer sur les deux partis conservateurs et le centre pour la faire passer. Heinrich von Achenbach et Otto von Camphausen décident par conséquent de démissionner. Tout un courant historiographique a alimenté ce mythe en analysant l’œuvre politique de Bismarck sous le seul angle de la construction nationale. Hostile à l’influence de l’Église catholique (Bismarck n’était pas plus favorable à l’intervention politique de l’Eglise évangélique et lui-même, de tradition piétiste, avait une religiosité assez détachée de l’institution. Lorsque l’on étudie les systèmes de protection sociale, leur mode de fonctionnement et de financement, on constate qu’ils sont structurés autour de deux archétypes : le modèle bismarckien (fondé sur la conception du chancelier Bismarck) et le modèle beveridgien (reposant sur les idées de l’économiste Beveridge).. Par ailleurs, Bismarck se taille un poste sur mesure en créant la fonction de chancelier, qui lui permet, en plus des postes de ministre-président et de ministre des Affaires étrangères, de bénéficier de pouvoirs très larges. Bismarck s'efforce de garder la guerre sous son contrôle. Par la suite, Guillaume II s'efforce de faire des gestes de réconciliation pour améliorer sa popularité. En revanche, cette guerre donne l’occasion au chancelier de faire admirer ses talents diplomatiques. À ses noces, elle place son amie, Johanna von Puttkamer, aux côtés de Bismarck. Il juge que Bismarck se démarque fortement de ses contemporains : « C'est la personne la plus intéressante imaginable, je n'en connais de plus intéressante, mais ce penchant constant à tromper les autres, cette ruse dans son état le plus abouti, m'est particulièrement repoussante, et si je veux m'élever, me grandir, il faut que je me tourne vers d'autres héros[l 196]. Elles restent en application jusqu'en 1890, après avoir été prolongées plusieurs fois par le parlement. Pourtant, Bucher ne se plaint pas seulement du rapide désintérêt de Bismarck pour la rédaction de ses mémoires, mais également de la manière dont l'ancien chancelier tente volontairement de déformer la réalité : « En rien il ne veut être mêlé à tout ce qui a échoué, par contre il veut recevoir seul tout le mérite de ses succès[l 174]. En opposition avec la fonction purement pratique qu'a jusqu'alors la question nationale, après 1866, la nation devient un important facteur d'intégration aux yeux de Bismarck. Après l'élection du premier parlement, les libéraux réussissent à arracher quelques concessions au nouveau chancelier. Les anciennes colonies allemandes, en Afrique ou dans l'océan Pacifique comportent de nombreux lieux se référant au chancelier allemand tels : l'archipel Bismarck, les monts Bismarck, le glacier Perito Moreno auparavant nommé « Bismarcksee » en allemand[w 27], la mer de Bismarck. Malgré ses critiques du projet, il est élu au poste de secrétaire de l'Union d'Erfurt qui vise à la rédaction d'une constitution pour une union allemande sous l'égide de la Prusse. Lui et le gouvernement berlinois veulent faire reconnaître la Prusse comme le partenaire égal de l'Autriche. Cela créerait en effet un précédent qui pourrait se retourner contre eux. Il part d'ailleurs du principe que ses succès sur la scène internationale lui seront favorables sur le plan national. Gerhard Ritter accuse dans une lettre Eyck de n'avoir fait que rassembler un tas de clichés antigermaniques. Surtout, la mort de Guillaume Ier en 1888, souverain qui s’était généralement effacé devant Bismarck malgré ses oppositions parfois violentes, affaiblit la position de ce dernier. Son fils ne doit pas en effet être seulement un junker, il doit également entrer dans l'administration. Mais le socialisme qui émerge à partir de 1875 avec la fusion de ses branches marxiste et lassallienne, est trop nettement révolutionnaire pour ne pas inquiéter le chancelier. « n'avaient pas les moyens de diriger un ministère. Son grand-père paternel est un disciple de Jean-Jacques Rousseau. Bismarck clame désormais que les pouvoirs publics sont garants de l'unité nationale et il crée donc un mouvement d'union constitué non seulement des deux partis conservateurs mais aussi du centre. Finalement, le parlement enlève toutes les mentions relatives au socialisme d'État de la proposition de loi sur l'assurance accident. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Après la réunification, il a été nommé chancelier par l'empereur et a immédiatement commencé à concevoir un plan diplomatique qui ne permettrait pas à la France de se relever. »[l 60] (« Wir sind froh, wenn wir acht Männer finden und halten. Dans ce comité dominé par l'opposition libérale, il commence dès ses premiers discours à se faire remarquer comme un des conservateurs les plus stricts, il conteste notamment le fait que les guerres de libération de la puissance française en 1813 et 1814 étaient accompagnées de la volonté de mettre en place des réformes libérales. », « Les conflits deviennent des questions capitales, parce que la vie publique ne peut pas s'arrêter. Le futur Frédéric III, alors Kronprinz, prophétise déjà à ce sujet en 1870 : « Comme il sera difficile à l'avenir de combattre l'aveugle adoration de la force et des succès à l'extérieur ! Nicht auf Preußens Liberalismus sieht Deutschland, sondern auf seine Macht. À l'image de ce qui se pratique à l'époque de la Confédération germanique, la politique intérieure de l'Empire allemand est menée par Bismarck avec l'aide des conservateurs libres et des nationaux-libéraux.