Revenons au destin de la brave bête qui en a vu de toutes les couleurs. Albrecht Dürer (1471-1528), « Le Rhinocerus de Lisbonne », 1515, xylographie sur papier, 21,4×29,8. S’il a vu l’aspect des plaques de la peau qui font que la bête semble « articulée », il en rend un aspect, certes pesant, mais mou. Ce premier voyage en Italie lui permet également d'améliorer sa technique de gravure et de rendre des clairs-obscurs, comme en témoignent ses œuvres Saint Jérôme dans son cabinet ou La Mélancolie[24]. Il dépeint un rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) débarqué à Lisbone plus tôt dans l’année.Dürer n’a jamais observé cet animal, premier spécimen vivant vu en Europe depuis l’époque romaine. Après la mort de l’artiste en 1528, plusieurs rééditions de ce bois gravé furent réalisées jusqu’au début du XVIIe siècle. Albrecht Dürer (1471-1528), « Le Rhinocerus de Lisbonne », 1515, xylographie sur papier, 21,4×29,8. Elle était nourrie, nous dit-on, de paille, de foin et de riz, le tout renouvelé aux escales. Le rhinocéros de Dürer. (Voilà où mène l’histoire de l’art !). Dürer n’a jamais observé ce rhinocéros qui était le premier individu vivant vu en Europe depuis l’époque romaine. Un rhinocéros clairement inspiré de la gravure de Dürer fut choisi par Paolo Giovio pour créer en juin 1536 l’emblème d’Alexandre de Médicis dit Alexandre le Maure, duc de Toscane, avec la devise en castillan ancien : « Non buelvo sin vencer », signifiant « Je ne reviens pas sans être victorieux »[41]. Malheureusement, une tempête se lève au large des Cinque Terre, après Gênes. Né à Nuremberg, Dürer a établi sa réputation et son influence dans toute l'Europe quand il était encore dans la vingtaine, en raison de ses gravures sur bois de haute qualité. L’image est fondée sur une description écrite et un bref croquis par un artiste inconnu d’un rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) débarqué à Lisbonne plus tôt dans l’année. Il est aussi long que l’éléphant ; il a les jambes beaucoup plus courtes, et la couleur du buis ». Grâce à Dürer, la redécouverte du rhinocéros eut pour effet de confirmer la véracité des écrits de Pline et d'en renforcer l'autorité auprès de scientifiques comme Ulisse Aldrovandi[35] ou Flavio Biondo (archéologue et historien qui, quelques décennies auparavant, avait commencé à retrouver des ruines et statues de la Rome antique, également mentionnées par Pline dans son Histoire naturelle, Livre XXXVI, et jusque-là oubliées)[36], en cela l’art de la Renaissance et l'intérêt pour l'Antiquité font une composante importante de la Renaissance elle-même. Dürer a rajouté sur le dos une corne supplémentaire et torsadée comme on en montrait pour les Licornes et celles des Narvals. Il serait intéressant de savoir comment ils étaient acheminés d’Afrique jusqu’en Sicile, à Rome ou dans d’autres villes de l’Empire, dans quelles conditions. Mais la redécouverte de l’allure d’une bête qui évoquait presque la préhistoire du monde ne manquait pas d’éveiller les curiosités. Dans ces chroniques du Chardonneret confiné, je ne vous parlerai pas que d’animaux, promis, c’est un peu lié aux idées, à l’humeur, au plaisir. L’ensemble mesure 248 × 317 mm[12]. Dans sa ville, où il est aussi décédé, on peut encore visiter sa maison et son atelier, avec les réserves habituelles sur l’authenticité de certains objets présents. L'affirmation selon laquelle l’animal fut alors empaillé et remis au pape ne repose sur rien de sérieux, d’autant qu’on ne savait pas au XVIe siècle naturaliser un rhinocéros[n 3]. Titre: Albrecht Dürer, oeuvre gravé (Paris) Dates: 04/04/1996 - 21/07/1996. Les artistes italiens Giovanni Bellini, Andrea del Verrocchio et Léonard de Vinci l'inspirent alors particulièrement. Burgkmair en fait une bête tachetée et moins précise que Dürer. Le dessin est reporté sur le bois, puis gravé à la pointe et au burin, ensuite le tirage de la gravure fait que le sens est inversé sur la feuille par rapport au dessin initial. C’était quand même un exploit ! Outre ses rééditions, qui n’ont jamais satisfait la demande, elle a été copiée avec beaucoup de précision par plusieurs artistes pour illustrer des livres publiés du XVIe au XVIIIe siècles. On le lui souhaite, mais je ne le sais pas. 2017 - Oeuvres d’art contemporaines uniques et originales en vente en ligne et en Galeries . ». La popularité du rhinocéros chimérique de Dürer est restée forte pendant un peu plus de deux siècles : ni la présence d’un nouveau rhinocéros indien pendant huit années à Madrid de 1579 à 1587, représenté par une gravure de Philippe Galle en 1586 à Anvers et qui a pourtant inspiré certains artistes au XVIIe siècle, ni l’exposition d’un rhinocéros vivant à Londres en 1684-1686 et d’un deuxième en 1739 n'ont empêché le rhinocéros de Dürer de rester pour la plupart des gens l’image vraie d’un rhinocéros[44]. A Nuremberg on travaillait le métal, c’était une spécialité de la ville : les armes et les armures. La gravure de Burgkmair, intitulée RHINOCEROS MDXV, paraît plus proche de la réalité, ou du moins plus fidèle au document original, car elle est dépourvue de la dent de narval ajoutée par Dürer et représente les entraves utilisées pour maintenir l’animal[34]. ». Institution: Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris . Télécharger cette image : Le rhinocéros, gravure sur bois par Albrecht durer, (1471-1528), tirées de la description d'un rhinocéros indien. Par la suite, des dessins et peintures plus corrects la supplantent, en particulier des représentations de Clara le rhinocéros qui fut exposée dans toute l’Europe au cours des années 1740 et 1750. Cependant, il s’inspira de la plus grande falsification de l’histoire de la science, à savoir la gravure "Rhino" de Durer, créée par lui en 1515. Dürer a interprété son modèle et en a fait une chimère : il a rajouté sur son dos une petite dent de narval (ce que l’on considérait alors comme une corne de licorne), a dessiné les plis de la peau du rhinocéros comme les plaques de la carapace d’un crustacé, a interprété le rendu de la peau de ses pattes comme des écailles de reptile ou de pattes d’oiseau et lui a dessiné une queue d’éléphant. Exposition(s) Titre: Du Chatelet à Beaubourg : quinze siècles d'histoire (Paris) Dates: 11/07/1997 - 28/09/1997. Pourtant, son illustration du Rhinocéros blanc africain (Ceratotherium simum), qui est sensiblement différent du Rhinocéros indien, partage toujours des inexactitudes manifestes avec Dürer[47]. Avec d’autres précieux cadeaux tels que de la vaisselle d’argent et des épices, le rhinocéros paré de velours vert décoré de fleurs embarqua à bord du João de Pina[2] en décembre 1515 pour un voyage du Tage à Rome[13]. Il a une corne forte et pointue sur le nez, qu’il se met à aiguiser chaque fois qu’il se trouve près d’une pierre. « La grande chasse », mosaïque vers 320-360 ap JC, Villa du Casale, Piazza Armerina, Sicile. Albrecht Dürer, (1471 Nüremberg / 1529 Nüremberg) est un artiste allemand au talent précoce et au renom européen dès son vivant. En 1515, un pauvre rhino, cadeau empoisonné, voyage sur un bateau, le rhino tombe à l’eau, que reste-t-il? Celui-ci le craint terriblement car lorsqu’ils s’affrontent, le rhinocéros court la tête baissée entre ses pattes avant et éventre fatalement son adversaire incapable de se défendre. Découvrant son adversaire et peut-être effrayé par la foule bruyante venue en nombre, l’éléphant courut se réfugier dans son enclos et le rhinocéros fut déclaré vainqueur par abandon[11],[12]. Rhinocéros inspiré par la gravure d’Albrecht Dürer, rhinocervs 1515. L’image est fondée sur une description écrite et un bref croquis par un artiste inconnu d’un rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) débarqué à Lisbonne plus tôt dans l’année. La traduction française de la légende en allemand de la gravure de Dürer est la suivante : « En l’année 1513 [sic] après la naissance du Christ, on apporta de l’Inde à Emmanuel, le grand et puissant roi de Portugal, cet animal vivant. Faire sortir un monde de formes avec, par exemple, un simple burin qui entame une encoche, puis un trait continu dans la plaque de cuivre, quand c’est de la taille directe, c’est un métier admirable et qui ne pardonne aucun repentir, aucune faiblesse de la main et de l’œil ! Dans un premier temps, Dürer fit une copie à la plume et à l’encre de ce croquis[29], avec une reprise de la légende qui l’accompagnait. Une expédition portugaise tente d’établir de petits comptoirs sur les côtes de l’Inde, ils y réussiront car pendant longtemps les Portugais auront des ports qu’ils contrôleront. Secrétaire Générale de l’Université des Savoirs d’Antibes. Il note également que la peau d’un rhinocéros est plus rugueuse qu’elle n’apparaît visuellement et que de telles plaques et écailles traduisent plutôt bien cette information non visuelle[48]. Jean Barrillon écrit que son corps fut récupéré près de « Civitavesche » (Civitavecchia, près de Rome)[17]. historien d’art essentiellement contemporain, professeur à Nice, conférencier, spécialiste des techniques picturales. La maison a failli disparaître pendant les bombardements aériens des Alliés de 1944, une bombe est venue se loger sous la maison de Dürer, sans exploser. Albuquerque fit embarquer au plus vite ce cadeau royal sur la nef Nossa Senhora da Ajuda[4], sous le commandement de Francisco Pereira Coutinho, appelé « Le Rusticão »[5]. Le dessin est assez pittoresque et simpliste, mais il faut dire que la bête était surprenante avec sa carapace comme une armure et l’aspect tombant de sa peau. Son histoire inspirera également le roman de Lawrence Norfolk Le Rhinocéros du Pape[20]. Ces deux peintures étaient beaucoup plus réalistes que la gravure de Dürer et ces images ont progressivement commencé à remplacer le rhinocéros de Dürer dans l’imaginaire collectif. Le Rhinocéros de Dürer est une gravure sur bois d’Albrecht Dürer datée de 1515. On sait que dans les combats d’animaux dans les colisées ou amphithéâtres, il y avait des rhinocéros. Il était déjà célèbre, puisque grâce à ses reproductions bon marché, son travail était très largement diffusé en Europe[21]. On voit, dans le texte que Dürer a gravé, qu’il reprend en grande partie celui de Pline l’ancien. Grotte des animaux à la Villa Medicea di Castello à Florence. Walton Ford (1960), « Le Rhinocéros de Lisbonne », 2008, aquarelle sur papier en 3 parties, 250×375. Les informations relatives à cet événement sont contradictoires. Il était devenu une bête mythique, puisque personne n’en avait vu et il y avait des représentations fantaisistes. Il faut croire que Dürer était satisfait de son rhinocerus (en latin), pour qu’il en tire des gravures et qu’il les diffuse avec grand succès. Peut-être le rhinocéros avait-il été descendu pour profiter de l’air ? Ils disent aussi que le rhinocéros est rapide, vif et intelligent. On prêtait au pape l’intention d’organiser à Rome un combat du rhinocéros contre un éléphant[14]. La texture à grains et l’épaisseur de ce papier assurent une grande fidélité au dessin original. Tableaux abstrait, figuratif, street art, pop art, marine et aux techniques multiples : aquarelle, acrylique, huile, collage…

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