Toutefois cette force ne donne aucun droit légitime. Même chose si vous participez à une manifestation sur des thèmes politiques universellement fondés, par exemple évidemment connectés aux représentations possibles de la justice. La vérité est donc universelle, mais elle « s’incarne » de diverses manières, au cours de l’histoire ? Parce que le résultat d’un processus de création dans une situation donnée prend inévitablement la forme ontologique d’une multiplicité qui finit par appartenir à la situation. Elle prend ce nom en Grèce au iv e siècle avant notre ère à la suite de différentes impulsions qui vont former ce qu'elle deviendra. Certaines personnes pourraient penser que vivre sa vie ne signifie l’action de vivre et d’être en vie, tout simplement, tandis que d’autres pourraient penser que cela signifie le fait de jouir de la vie en vivant à sa pleine capacité, d’expérimenter toutes sortes de choses … On appelle eudémonisme la doctrine qui considère que la quête du bonheur est le but des actions humaines et hédonisme celle qui vise le simple plaisir. La quête de la vérité est le but même de la philosophie. Ajoutons que Platon est féministe, oui, oui ! On pourrait presque dire : le multiple sans Dieu. Dès lors, si elle n’est pas révélée comme dans la religion, elle doit être démontrée. restant à vivre. À titre personnel, prenez-vous plaisir aujourd’hui encore à pratiquer les mathématiques ? Vous aussi soulignez que vivre en contact avec une vérité, c’est la clef d’une vie digne d’être vécue, d’une « vraie vie », de la vie bonne, si l’on veut parler comme un Ancien…, Seule une vie placée sous le signe des Idées est, en effet, digne d’être vécue pour Platon. Nous pouvons philosopher, c’est une activité possible pour nous, mais nous ne pouvons pas dire, à nous…. D’abord, et sans doute je me distingue de Platon sur ce point, je ne dis jamais « la vérité », mais « une vérité » et « les vérités ». La vie est compliquée et beaucoup de questions nous viennent en tête. Mais qu’est-ce que la vérité et comment y accéder puisqu’on ne peut la confondre avec la réalité ? Ces préjugés sont du reste encore très présents : qui pense que la philosophie devrait être un enseignement fondamental et universel dès la maternelle ? On naît en famille, on meurt parfois au combat, mais c'est en société qu'on vit. Mon axiome ontologique relève d’une affirmation simple et difficilement contestable : ce qu’il y a de commun à tout ce dont nous faisons l’expérience que « ça est », c’est de se présenter comme multiplicité. Ce « maître à penser » sulfureux veut réactiver le geste original de Platon, qui fonde les vérités sur les mathématiques, la politique, l’amour et la poétique. Contre le relativisme ambiant et les nouveaux sophistes, Platon est, plus que jamais, le philosophe qu’il nous faut : c’est la conviction d’Alain Badiou, l’un des rares penseurs contemporains à oser parler d’universalité. Ce concept, présent dès l’antiquité grecque par la philosophie d’Epicure, renie les inquiétudes de l’avenir, et le regret du passé, et se concentre sur la pleine conscience ainsi que l’acceptation de ce qui nous est donné, à notre vie humaine en tant que sujet. Ou encore si, sur une plage, vous découvrez avec une bouleversante force que vous aimez, ce qui s’appelle aimer, et qui est à la lisère de l’indicible (multiplicité générique !) Ce statut du mourir trace la frontière entre le vivre et l'exister. Je pense que Platon est dans les préjugés du temps quant il définit comme rare le « naturel philosophe », ce qui l’amène finalement à une sorte d’eugénisme pénible. D'Abraham au roi David la Bible parle d'une famille qui se développe en société jusqu'à bâtir un État. Parvenir à sa fin, cesser de vivre au terme du processus vital est aussi le propre de l'animal. Qu'est-ce qui m'attend les prochaines années ? Les 5 yamas : ahimsâ : non-violence en action, en parole et aussi en pensée. Certains en font leur métier : on les appelle les philosophes. Le bonheur est un état de satisfaction durable et complet. Si vous affirmez, comme Platon, l’existence de vérités universelles, vous insistez aussi sur leur surgissement contingent à travers des événements…. Ce qui veut dire, en gros, que les éléments de cet ensemble ne sont pas rassemblés par une propriété commune, que donc l’ensemble, au regard des propriétés disponibles dans la situation, a quelque chose d’indescriptible. La philosophie n’est pas un savoir de plus mais une réflexion sur les savoirs disponibles, elle n'est pas une science au sens où son but n’est pas de connaître objectivement la réalité,…. (Introduction). Et la philosophie est la méta-physique de cette physique, l’enseignement de sa possibilité. La vérité a aussi un sens pratique : la véracité désigne le fait de dire la vérité qui, dans ce cas, s’oppose au mensonge. Le Platon dont nous avons le plus urgent besoin devra en effet abandonner son aristocratisme, du reste paradoxal au regard de tout le reste de sa doctrine. L’exemple que donne Rousseau vise à renverser ce qu’il réfute : « obéissez aux puissances », dans le sens de « forces ». Pourtant, il semble qu’il existe de bonnes raisons de vouloir vivre sans État. Mais quelle est la définition de sens? – de la philosophie. Le Vrai constitue pour Platon, avec le Beau et le Bien, une valeur absolue. On le dit assez naturellement, on en comprend l'idée facilement, même mon téléphone — alors que le terme est un néologisme — l'écrit spontanément. Car elle est une discipline seconde. Toute apparence d’Un se défait en multiplicité, et en multiplicité de multiplicités. Mais le retour à la réalité, souvent vécu comme un cruel désenchantement, interroge la quête même du bonheur : n’est-elle pas irresponsable, égoïste, immorale ? Les essais des logiciens du XXe siècle pour éliminer toute intuition des démonstrations ont échoué : Depuis Gödel, mathématicien autrichien, auteur d’un fameux théorème (dit « d’incomplétude »), on admet que toute axiomatique contient une part d’indémontrable. Est-il nécessaire de philosopher pour vivre ? Le bonheur relève à la fois de la psychologie et de la morale. Vivre en philosophant n'est pas seulement reconnaitre son ignorance, mais aussi de partir à la recherche du juste, de principes et de laisser ces principes nous dirriger. Il scandalise ses jeunes auditeurs en énonçant qu’une femme peut parfaitement être un(e) gardien(ne), donc un(e) dirigeant(e) de la cité idéale. A supposé que nous soyons capables de vivre au présent, avons-nous le droit de le faire? Mais qu’est-ce qui donne du sens à la vie? Mais tout est-il démontrable ? La philosophie, en ce sens, est la destitution de toute parole sacrée ou de toute valeur accordée aux pouvoirs existants. Filf, S.Eleaume-Lachaud. La philosophie doit surtout éclairer, désigner, les chemins de la vraie vie. Platon était particulièrement méfiant à l’égard du devenir. Vivre en philosophant c'est de ne pas suivre la norme que la majorité suivent, mais d'en faire une autre avec des principes. Elle privilégie donc la déduction mais ne s’y réduit pas car elle part d’une première vérité (prémisse) saisie par intuition (pas déduite donc) : il peut s’agir d’une évidence ou d’un axiome. Selon vous, tout être humain peut en droit répondre à cet « appel » de la vérité. – passionnent universellement les enfants. Ensemble des événements et des activités qui constituent le cadre et le contenu d’une existence, sur le plan individuel ou collectif. Alors que dans l’Antiquité, Platon accorde au temps une place de second plan et lui concède, tout au plus, d’être une représentation inférieure de l’éternité, Kant, au XVIIIe siècle, grandit le rôle du temps, dans lequel il voit une forme universelle permettant de saisir les phénomènes. Comment ? Quand Nietzsche n’est encore qu’un enfant, son père tombe sur la tête et meurt subitem… Il résulte de tout cela que la théorie mathématique des ensembles est la formalisation adéquate de toute ontologique du multiple pur, ce que je nomme le « multiple sans Un ». En quoi l’épicurisme est-il la philosophie du bonheur ? Platon nous invite à retrouver l’universel ? Alain Badiou : Il y a une raison négative assez claire : comme à Athènes du temps de Platon, ce qui domine la scène intellectuelle est une conception « molle », descriptive, au jour le jour, des responsabilités de la pensée, pour ne rien dire de la philosophie. La question est déjà philosophique, en tout cas elle peut l’être (aucune question n’est philosophique par elle-même : elle ne l’est qu’au sein d’une certaine problématique, qui lui donne son sens et sa portée), ce qui explique qu’il y ait autant de réponses différentes, ou peu s’en faut, que de philosophies différentes. Ne pas commettre d'injustice en se basant sur nos croyances, mais en faisant des recherches. – Wittgenstein V. Réflexivité et critique En philosophant, nous sommes souvent amenés à réaliser un retour de la pensée sur elle-même : Brad Pitt dans le rôle de Platon, Meryl Streep dans celui de son épouse et Sean Connery en Socrate? Méthode d'analyse d'un texte en philosophie On lui reprochait d’enseigner des idées subversives… Le philosophe exprime ici l’idée que ce qui donne du sens à la vie d’un être humain, c’est d’agir pour défendre ce qu’il croit bon, jusqu’à en mourir s’il l’estime nécessaire. qu’est-ce qu’une Idée ? C’est le pari d’Alain Badiou, qui déclare dans Vanity Fair écrire actuellement le scénario d’un blockbuster philosophique, pour les studios hollywoodiens. Philosophie. Comment concilier l’universalité des vérités avec la diversité de leurs expressions ? Je crois d’ailleurs que s’il n’existe nulle vérité universelle, ce n’est pas la peine de parler de philosophie, le mot « idéologie » suffit. C’est bien pourquoi, comme Spinoza le répète, sans les mathématiques, l’homme serait resté ignorant, asservi aux légendes religieuses. Elle tente d’installer la vie des individus dans la subjectivation des vérités, et elle soutient que là est la vraie, vie, qui se signale en effet par le bonheur. Ou si, après un rude labeur, vous comprenez enfin la logique et la portée de la subtile démonstration d’un théorème. C’est la question que pose le célèbre philosophe, auteur de “L’Être et l’Événement”. Si, en dépit des efforts des vrais philosophes, elle s’en avère incapable, l’humanité n’aura eu, comme le disait à peu près Sartre, dans l’histoire de la Vie sur notre étroite planète, « guère plus d’importance que les fourmis ». Alain Badiou en 2016. Il faut partir du fait qu’une vérité est toujours le résultat d’une création dans une situation déterminée. Mon exemple le plus simple est la construction d’un amour, dans un monde donné, à partir de quelque chose qui arrive de façon aléatoire : en l’occurrence, la rencontre de deux sujets. Il ne faut avoir peur de la mort, sinon c'est cela qui va nous dirriger au lieu de nos principes. Parce que, dans sa cité idéale, les dirigeants (il n’y a pas de « roi philosophe » dans La République, il n’y a qu’une collectivité de gardiens) devaient ne rien posséder, tout partager, et confondre leur bonheur avec celui de la cité. Votre théorie des vérités-événements n’est-elle pas, en ce sens, anti-platonicienne ? La question qui nous est posée semble avoir une première réponse positive à partir des faits eux-mêmes. On pourrait même dire que si le cerveau chez l’animal ne suffit pas à faire surgir un moi philosophant, alors c’est que le cerveau ne suffit pas et qu’il faut avoir une âme immatérielle pour passer à la philosophie, comme le disent Platon et Descartes, ou un intellect divin comme chez…. La raison de la direction n’est qu’une signification de la sensibilité
Vivre sous l’emblème de quelques vérités – ce qui n’est ni simple, ni toujours durable –, c’est participer de l’universel. Pourtant, dès que l'on commence vraiment à philosopher, on perd ses certitudes, on voit ses opinions et savoirs remis en cause. Systématiquement utilisée en mathématiques, elle procède par enchaînement logique en respectant des règles rigoureuses, sans quoi elle n’est pas valide. Rousseau matérialise ici le tyran en tant que brigand et la peur par le pistolet. Pourquoi ? La condition humaine en est une de fragilité et d’incomplétude. L’être humain est un être fondamentalement relationnel. Pour lutter contre cet opportunisme libéral, revenir à Platon me semble donc une démarche évidente. La philosophie du yoga propose des commandements moraux, à appliquer au quotidien. La démonstration diffère de la preuve qui a souvent recours à l’expérience (songez à son usage en criminologie), procède donc par induction (du particulier au général), et s’adresse à un public déterminé (là où la démonstration prétend à l’universalité). D’autant qu’être heureux peut dépendre de la bonne fortune (sens premier du mot « bonheur ») et pas seulement du mérite de celui qui cherche la félicité. Les premiers pas sont souvent rébarbatifs, qui en découragèrent plus d’un (…).
Le temps, en philosophie, est une des questions majeures. Ces questions philosophiques sont donc basées sur la connaissance, l' action (qui mène la morale) et l' anthropologie Son but est la liberté. Vivre en philosophant c'est de ne pas suivre la norme que la majorité suivent, mais d'en faire une autre avec des principes. Enfin, la notion débouche sur un problème politique : comment l’État, distingué de la société civile (en particulier depuis Hegel), peut-il résoudre les contradictions internes au corps social ? Tout ceux qui vivent ne philosophent pas et ceux qui philosophent ne le font pas continuellement. La société permet-elle à l’individu de s’accomplir ? Pour vivre « dans les vérités », il faut les subjectiver, ce qui est toujours une opération singulière. Qu’est-ce que la philosophie ? de mourir en faisant son travail que de vivre dans le déshonneur : « Quelle que soit la place dans le rang qu’on occupe, le devoir impose, à mon avis, d’y demeurer quel que soit le risque encouru, sans mettre dans la balance ni la mort ni rien d’autre, en faisant tout passer avant le déshonneur.» Il finit de défendre sa thèse en expliquant que tout le monde craint la mort sans même savoir ce qu’elle est et ce qu’elle apporte : « Car personne ne sait ce qu’est la mort, ni même si elle ne se trouve pas…. Qu’est-ce que la philosophie ? Vous savez, on peut sans doute dire que la modernité, en philosophie, s’introduit avec la prise en compte minutieuse du temps. Précisément, les lois sont faites pour maintenir l’ordre public et favoriser le vivre-ensemble; c’est la raison pour laquelle elles limitent la liberté de chacun : je n’ai pas le droit d’insulter, de diffamer, de voler, d’importuner, du brutaliser, de m’approprier le bien d’autrui, de tuer, de polluer, etc. Il faut être juste ce qui vaut beaucoup plus que le bien matériel, la réputation de quelqu'un et les honneurs. Mais s’il y a une idéologie, de surcroît dominante, dans nos pays, disons dans tout l’Occident « démocratique », c’est bien le relativisme libéral, auquel ils se ralliaient avec enthousiasme ! Il est d’ailleurs presque amusant que, croyant justifier leur anticommunisme, nos nouveaux philosophes, au demeurant ni philosophes, ni nouveaux, aient lancé le thème de « la fin des idéologies ». C’est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, disait Kant : on ne peut qu’apprendre à philosopher. « La philosophie est un certain mode d'appartenance qui rend capable de prendre en vue l'étant en tournant le regard vers ce qu'il est, en tant qu'il est étant » (p.331), ce qui est visé c'est l'« étantité» (Platon la détermine comme ἰδέα, Aristote comme energia ἐνέργεια ou principe et cause, soit enfin l'objectif et le disponible dans le monde moderne ). Ne pas abandonner ses principes ou son rôle par peur de quoi que ce soit, il ne faut être lâche. On peut en effet se satisfaire d’illusions et c’est pourquoi l’imagination est la faculté du bonheur. L’universalité est une création au sein d’un tel multiple. L’universalisme n’est pas sans tort dans la domination coloniale de l’Europe sur le monde, mais, plutôt que d’y renoncer, il faudrait surtout le repenser, selon le politologue. En se posant ces questions, on peut apprendre comment mieux vivre notre existence. Pour savoir comment et pourquoi les hommes sont entrés en société, on oppose depuis Hobbes un état de nature (fictif) et un état de société (qui décrit en général la réalité présente). Tout le point est l’entrée en rapport d’un animal humain avec une multiplicité générique.