Le 9 octobre au matin, le gouvernement de Bolivie annonce la mort de Che Guevara la veille dans des combats. Pendant cette période, il songe à se marier avec une fille de la haute société argentine et à s'établir, mais il ne peut mener ce projet à bien à cause de l'opposition de la famille de cette dernière, de sa propre personnalité déjà jugée anticonformiste, et de son désir grandissant de voyages et de découvertes. Je n'osais pas tirer. Juanita Castro, la sœur de Fidel Castro affirme avoir indiqué à son frère l'arrestation, la condamnation et l'exécution d'innocents, les ordres venant essentiellement de Che Guevara depuis son quartier général de La Cabaña[84]. Ceux-ci et les groupes de l'opposition demandent le boycott des élections qui n'ont qu'une faible participation, délégitimant le candidat élu, Andrés Rivero Agüero. Selon le Che les pays socialistes doivent assumer financièrement les luttes d'indépendance. Celui-ci est situé dans une zone géographique très éloignée des demandes de Guevara qui s'incline néanmoins afin de ne pas perdre de temps. Quand il m'a vu il a dit : « Vous êtes venu pour me tuer. L'individu de la société révolutionnaire doit chercher une récompense morale (solidarité et bien commun) et non matérielle. Il employait un ton et un discours franc et direct mais dénué de toute diplomatie et de calcul politique. En dehors de celle-ci, il n'y a pas de vie. Ne participant pas directement aux combats qui ont lieu dans une autre région de l'île, il est tout de même blessé accidentellement par sa propre arme[128]. Crois-moi, parce que les fous disent toujours la vérité[220]. Contrairement à ce qui s'était passé au Congo, aucune tentative n'est faite par Cuba pour aller secourir ou aider Guevara et ses hommes[189]. Peu après arrive le journaliste argentin Jorge Ricardo Masetti de tendance péroniste, qui est un des fondateurs de l'agence de presse cubaine Prensa Latina et l'organisateur à Salta (Argentine) en 1963 de la première tentative de guérilla de Che Guevara hors de Cuba[57]. C’est au bout de trois semaines, après avoir sciemment parlé dans le vide de façon à ne livrer aucune information concrète[179], que Debray admet les évidences, à savoir la présence du Che, déjà reconnue par Bustos, les déserteurs et le guérillero Vasquez Viana, arrêté le 28 avril et victime d’un subterfuge. Entre 1957 et 1958, certaines estimations évaluent à 15 le nombre de personnes accusées de trahison ou d'espionnage exécutées sur ordre de Guevara, dont l'une devant sa propre famille uniquement pour avoir exprimé son opposition à la révolution selon un guérillero témoin, exilé depuis à Miami[43]. Avant cela seul Fidel Castro avait le grade de commandant. Che Guevara était l'adepte de solutions extrêmes dans la défense de ses idées et pas seulement en théorie. Vous bénéficiez d'un droit d'accès et de rectification de vos données personnelles, ainsi que celui d'en demander l'effacement dans les limites prévues par la loi. Cependant, aussi bien Guevara que Castro sont partisans d'un « front anti-impérialiste uni » et tentent à plusieurs reprises de réconcilier l'Union soviétique et la Chine. C’est un homme politique de l’Amérique latine et l’un des révolutionnaires marxistes les plus célèbres dans le monde. Dans un discours en mai 1967, le ministre de la Défense cubain annonce que Guevara « sert la révolution quelque part en Amérique du Sud ». Son activité en 1965 est un grand mystère étant donné qu'il est à l'époque considéré comme le numéro deux du gouvernement, d'autant que Che Guevara n'assiste pas au défilé du 1er mai. Parce que Castro a rendu publique la « lettre d'adieu » du Che dans laquelle il coupait tout lien avec Cuba pour se dédier à ses activités révolutionnaires ailleurs dans le monde (alors qu'elle n'aurait dû être dévoilée que dans le cas de sa mort), celui-ci sent qu'il ne pourra pas revenir à Cuba pour des raisons morales. Malgré l'opposition de son père, il devient joueur de rugby. L'historien Pierre Rigoulot mentionne que Che Guevara fait exécuter sans jugement des individus accusés par la foule[23]. Selon lui, Guevara avait un « mépris absolu du danger », et était « extraordinairement agressif » dans les combats[213] et que cela était son talon d'Achille. Vincent Bloch (doctorant en sociologie, EHESS), Alliance populaire révolutionnaire américaine, bureau de la répression des activités communistes, Union des républiques socialistes soviétiques, Forces armées révolutionnaires de Colombie, groupe des Verts/Alliance libre européenne, Che Guevara - Mort et légende d'un révolutionnaire, Death of Che Guevara National Security Archive Electronic Briefing Book No. La victoire de n'importe quel pays contre l'impérialisme est notre victoire, tout comme la défaite de quelque pays que ce soit est notre défaite »[138]. Selon lui, il s'agit d'une entreprise politique visant à criminaliser le Che et à travers lui ceux qui prônent un changement de société. Illustration de son idéal communiste, Guevara fait une proposition à Julio Lobo, l'homme le plus riche de Cuba afin de garder ses compétences de dirigeant et d'administrateur de production sucrière alors que son empire va être nationalisé. L'obtention du diplôme est confirmé par ses autres biographes dont Jon Lee Anderson[24] et une copie montrant la remise du diplôme à Guevara figure sur l'ouvrage de son ami Carlos Ferrer. Quand je suis arrivé, le Che était assis sur un banc. Retrouvez Che . Le renversement du régime démocratiquement élu d'Arbenz par un coup d’État appuyé par la CIA (opération PBSUCCESS) renforce la conviction d'Ernesto Guevara que les États-Unis, comme puissance impérialiste, s'opposeraient implacablement à tout gouvernement désireux de corriger les inégalités socioéconomiques endémiques à l'Amérique du Sud et aux autres pays en voie de développement[34]. Son point de vue révolutionnaire suivait ceux de Marx et Lénine, qu'il avait étudiés exhaustivement[223]. Or, le PC local est plus tourné vers Moscou que La Havane et ne l'aide pas malgré ses promesses[168]. Il baptise les nouvelles recrues qui intègrent sa colonne « descamisados » (sans chemises), reprenant l'expression qu'Eva Perón utilisait pour s'adresser aux travailleurs argentins, aussi péjorativement appelés « cabecitas negras » (têtes noires). 1967 marque la fin d'une épopée révolutionnaire, celle d' Ernesto Guevara, dit le Che. ». Dans les années 1980, après le rétablissement des relations diplomatiques entre la Bolivie et Cuba, Castro enverra deux historiens dans la nouvelle ambassade cubaine de La Paz pour continuer à collecter des objets ou des fragments du corps du Che[251]. L'esprit de Ernesto Guevara, dit Che Guevara à travers ses écrits, ses paroles Il écrit des poèmes (parfois parodiques) tout au long de sa vie comme cela est courant chez les Latino-américains de son éducation. Quand il est emmené et qu'il voit des soldats boliviens qui ont été aussi blessés dans l'affrontement, Guevara propose de les soigner, mais son offre est refusée par l'officier responsable[195]. Dès 1965, le journal yougoslave communiste Borba observa de nombreuses usines abandonnées ou jamais terminées à Cuba, héritage du plan d'industrialisation raté[260]. Cependant, cette vision idéale fait parfois place à la realpolitik, et la fin justifie pour lui les moyens, comme l'avait formulé Nicolas Machiavel. Je sentais qu'il se levait et quand il m'a regardé fixement, j'ai eu la nausée. Au Congo, alors qu'il prend part à la guerre révolutionnaire loin de sa famille, il écrit dans son journal : « Je laisse derrière moi presque onze ans de travail aux côtés de Fidel pour la révolution cubaine et un foyer heureux, si cela est le bon mot pour qualifier la demeure d'un révolutionnaire dédié à sa tâche et un bouquet d'enfants qui ne savent qu'à peine à quel point je les aimais. Quelques semaines plus tard, Fidel Castro arrive à Mexico après avoir été amnistié d'une peine de prison à Cuba. Pour l'historien Pierre Rigoulot la mise en cause du mythe du Che n'a pas été effectuée de son vivant et elle est tout juste esquissée lors du trentenaire de sa mort en 1997[279]. Martha Frayde le décrit comme toujours voulant « épater », cherchant à se faire « remarquer ». Sous les ordres du Comandante Segundo (Masetti), la guérilla de Salta entre en action en mars 1964 mais dès juillet, le Che est informé du démantèlement de l'Ejército Guerrillero del Pueblo (EGP), tous ses membres, sauf deux ou trois (dont Masetti), ayant été capturés, morts ou vifs. Malgré son asthme, il fait montre de son courage et de son volontariat en multipliant les activités physiques. La question lui plut, il rit et me répondit : « C'est un livre sur le communisme ». "[104] De fait, Masetti devient l'ambassadeur officieux de la tendance guévariste de la Révolution cubaine en Amérique latine, sous-continent non visité par le Che en 1959-1960[105]. Les causes de sa disparition sont toujours controversées et peuvent être attribuées à diverses raisons : Après la crise des missiles cubains et ce qu'il a pris comme une trahison de Khrouchtchev qui a donné son accord au retrait des missiles sans consulter Castro, Che Guevara est devenu sceptique quant au rôle de l'URSS. Le fait de pouvoir incarner cet exemple lui fit développer une certaine impatience envers les moins doués ou les moins motivés, ce qui peut s'interpréter comme de l'arrogance[212]. Isolée, la colonne du Che est physiquement à bout, n'a plus d'eau potable et doit parfois porter son chef qui souffre de terribles crises d'asthme. Ceux-ci ont la possibilité de refuser, mais doivent démissionner de leurs responsabilités au ministère. À Santa Clara, sur la stèle commémorative de la prise du train, on peut lire l'inscription suivante : « Le 29 décembre 1958 un peloton de 18 hommes de la colonne n° 8 « Ciro redondo » commandé par le capitaine Ramon Pardo Guerra Guile sous les ordres du commandant Ernesto Ché Guevara et avec sa participation directe au déraillement, attaque et s’empare d’un train blindé composé de 2 locomotives et de 18 wagons, avec à bord 408 officiers et soldats et un puissant armement comprenant ; des canons, des bazookas, des lance-roquettes, des mitrailleuses de divers calibres, des fusils et d’abondantes munitions. Dès 1959, il aide à organiser des expéditions révolutionnaires à Panama et en République dominicaine, expéditions qui échoueront toutes[102],[103]. Un culte religieux du Che lié au catholicisme apparaîtra au début des années 1990 dans les régions de Vallegrande et de La Higuera, avec des messes dites en son nom[173]. Che Guevara, qui eut un rôle important dans cette réorganisation, écrit un article en 1964 sur ces faits : « Le plus important est que se jugeaient et s'analysaient deux conceptions qui s'affrontaient depuis le début de la guerre. Un autre témoignage, contradictoire avec les précédents, affirme qu'il a fait fusiller un des jeunes guérilleros pour avoir volé un peu de nourriture[47]. Guevara y consent, quittant la Tchécoslovaquie pour Cuba le 19 juillet 1966[162], mais à condition que sa présence y reste secrète et que son séjour serve à organiser une nouvelle révolution en Amérique latine. Il reçut le surnom du « Boucher » ou « Petit Boucher » lors de ses fonctions dans la prison de La Cabaña[98],[99]. Si à Cuba l'habileté politique de Fidel Castro permit de rattraper ce trait de caractère, ce fut une des causes de ses échecs au Congo et en Bolivie[218]. Le Che souligne l'importance de se faire accepter par la population en fournissant des soins dans les villages isolés ou en alphabétisant les nouvelles recrues au cœur de la jungle. Quelques semaines plus tard, quand il écrit la préface de son journal du Congo, il la commence avec les mots: « Ceci est l'histoire d'un échec »[158]. Il évoque un article de 2004 du quotidien espagnol El Pais intitulé Le mythe truqué du Che où l'auteur rappelle les échecs répétés du Che dans les domaines économique et politique, en tant que guérillero ou diplomate à cause de sa rigidité et de son incapacité à dialoguer et à négocier. En 1966, la Bolivie est gouvernée par une dictature militaire dirigée par le général René Barrientos, qui a renversé dans un coup d'État le président élu Víctor Paz Estenssoro et mis fin à la révolution de 1952. Le 3 novembre Batista réalise des élections afin d'atténuer l'opposition généralisée et construire une sortie électorale qui isolerait la guérilla. En juin 1955, López le présente à Raúl Castro. Ses détracteurs ont aussi théorisé que les révolutions inspirées par le Che ont en fait renforcé la répression et les dictatures militaires latino-américaines pendant de nombreuses années[290],[291]. Fidel Castro modifie la constitution du pays pour permettre à un étranger s'étant particulièrement illustré durant la guérilla et ayant reçu le grade de Commandant de pouvoir être membre du gouvernement. Toujours au nom de l'exemple, il se chargea de l'exécution de membres de la guérilla condamnés pour trahison par les guérilleros. Il résume ainsi l'idéal et le mode de vie du révolutionnaire, qui doit rester pour lui avant tout humain : « Permettez-moi de dire, au risque de paraître ridicule, que le vrai révolutionnaire est guidé par de grands sentiments d'amour. Le commandement unique n'existe pas et les chefs locaux rivalisent entre eux pour obtenir argent et matériel qu'ils emploient pour leur profit personnel. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à ce qui se passe dans n'importe quelle partie du monde. Pendant leur réunion durant la nuit du 14 au 15 mars 1965, Guevara et Castro se sont mis d'accord pour que le Che mène personnellement la première action militaire cubaine en Afrique subsaharienne. Cependant, quand le gouvernement américain apprend sa localisation, la CIA et les Special Forces (incluant un bataillon de United States Army Rangers basé non loin de la zone de guérilla) sont envoyés pour entraîner et soutenir les militaires boliviens[184],[185]. Che Guevara ne cachait pas la difficulté de ce changement aussi bien au niveau individuel qu'au niveau de la société : « Abattre une dictature est facile, construire une société nouvelle est difficile »[173]. Guevara participe directement aux combats : « les francs-tireurs mitraillaient de tous cotés et lui, tranquille, avançait comme si de rien n'était, au milieu de la rue », se souvient un soldat[5]. Entre mars et juillet 1966, il serait en fait en Tchécoslovaquie, avec Haydee Tamara Bunke Bider (alias Tania), à Ládví (cs), à 25 km au sud de Prague[162]. De plus une très grande partie de la LCR considère qu'il n'a pas mis l'auto-émancipation des travailleurs au centre de sa stratégie[273]. L'héritage de Che Guevara en France est essentiellement revendiqué par une partie de la gauche et de l'extrême-gauche. Ce dernier poste était un peu ironique, car le Che condamne l'argent et rêve de son abolition[100]. Peut-être est-ce là un des grands drames du dirigeant. Les forces anti-Arbenz qui viennent du Honduras ne réussissent pas à arrêter le transbordement des armes. Sa mort est perçue sur le moment comme un coup sévère porté à la révolution sud-américaine et au Tiers monde. Le porte parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot considère que la pensée de Che Guevara « est une source d'inspiration inépuisable », qu'il était un marxiste humaniste opposé aux exécutions sommaires et au terrorisme, pas une icône mais un homme faillible, qui néanmoins joignait ses paroles et ses actes. Alors qu'il est jeune étudiant en médecine, Guevara voyage à travers l'Amérique latine, ce qui le met en contact direct avec la pauvreté dans laquelle vit une grande partie de la population.